• Bonjour à tous,
    Nouveau jeudi, nouveau défi d'écriture avec thème imposé. Cette semaine il s'agissait de composer un texte libre sans la lettre A. Je dois admettre qu'il fut plus difficile que je ne l'imaginais. Les A sont partout, les déclarer persona non grata est réellement un défi à part entière.
    Tentez-le à votre tour, asseyez-vous au calme, de préférence à l'ombre, et octroyez-vous une heur...e. Surprenez-vous ! Les résultats sont souvent bluffant, je vous garantit qu'au final vous vous surprendrez vous-même. Que ceux qui doutent de leurs capacités n'hésitent pas à se lancer dans cette expérience, vous ne le regretterez pas.
    Dès demain je mettrai en ligne le texte, en attendant servez-vous un rafraichissement et détendez-vous. Même si la vie n'est pas toujours celle dont vous rêviez, elle nous donne à vivre une aventure formidable.

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  • Bonjour à tous et à toutes,
    A mon retour de congé j'ai décidé de dynamiser ma carrière naissante de romancier en m'impliquant davantage sur tous les supports disponibles. De toute part j'entends et je lis que mes deux premiers romans sont passionnants, inventifs, surprenants, je peux d'ores et déjà vous promettre que le 3e intitulé la Dernière Forteresse Abbatiale le sera au moins autant.
    Attention, pas question de faire dans la vantardise ou la prétention, j'invite tous ceux ou celles qui doutent de ce que je viens d'écrire de se rendre sur le site : www.babelio.com et de taper mon nom dans leur moteur de recherche. Vous pourrez à votre tour prendre connaissance des critiques concernant la Cabane aux Orties (1er tome) et la Reine Noire (2e tome) des aventures de Virginie de la Sablière.
    Ce matin l'imprimeur de mon éditeur m'a confirmé qu'en fin de semaine je pourrai valider la couverture du dernier opus, ultime étape avant sa mise sous presse et départ pour les librairies. Alors si les deux premiers vous ont séduit, n'hésitez pas à en parler autour de vous car le bouche à oreille, surtout en matière de roman, reste la meilleure façon de remercier l'auteur en agrandissant le nombre de ses lecteurs. Je sais que certaines d'entre vous n'ont pas attendu que je l'écrive pour le faire et je les en remercie mille fois.
    Un nouveau roman écrit au printemps et en cours de correction va très prochainement prendre la route de maisons d'éditions, j'espère pourvoir vous en reparle plus concrètement très bientôt.
    Bon début de semaine à tous et à toutes.

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  • Et pour finir, voici le 4eme de couverture pour vous allécher un peu plus.....

    Roman
     
    D’aventures en rebondissements, Denis Lereffait clôture la trilogie de son héroïne en s’attachant à répondre à toutes les questions des deux premiers tomes. Une conclusion qui ravira tous ceux et celles qui ont mené l’enquête en parallèle des personnages.
    Fin 1805, de retour en son domaine, Virginie de la Sablière se t...rouve rapidement confrontée à des choix difficiles. L’arrivée impromptue de Jules Saltus l’oblige à retourner à Paris, ville qui ne sera qu’une première étape dans la libération de Julie Prevost. Aidée du capitaine Croix d’Aubois, elle prendra la route de la Dernière Forteresse Abbatiale pour affronter son destin. Ce troisième volume nous dévoile la vérité sur la disparition de ses parents, mais aussi sur l’identité des Dignitaires et sur le secret que dissimule le déroutant Nicolas Presca de la Hire.

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  • Boujour à vous tous,
    Suite à une information de l'une d'entre vous, je viens de soumettre une demande de dédicace à une grande enseigne nationale. Il est difficile, pour ne pas dire impossible pour moi, de pouvoir démarcher efficacement à distance les libraires ou les enseignes culturelles, voir les grandes surfaces car je ne peux pas être partout à la fois. Toutefois si vous voulez me rencontrer,... que je vienne dans votre ville, rien de plus simple, contactez les établissements répondant à ces critères (dans un rayon de 200 kilomètres maximum autour de Paris) et proposez leur que je vienne dédicacer dans leur établissement. S'ils acceptent ma venue, en remerciement j'offirai à ceux qui m'aideront un roman inédit qui ne paraîtra jamais dans le commerce, une exclusivité précieuse pour ceux ou celles qui aiment et apprécient mes écrits.
    Bonne journée à tous et à toutes.

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  • 1er DEFI
    Mots obligatoires :
    1er tirage : Fée / Décollage / Déroulement / Pourboire / Poésie / Près de / Légèrement
    Le texte : Pour le bon déroulement de mon histoire, dit la fée mutine, il faut au préalable un bon décollage. Les personnages ne seront pas tous avenants ni sympathiques, pas plus que le thème, une poésie n’est jamais innocente, derrière des mots se dissimulent souvent des idées qui vont bien au-delà des apparences. Ceux qui s’imaginent un peu légèrement qu’il suffit d’être près de pour être arrivés en seront pour leurs frais, point de pourboire ne viendra remplir leur petite escarcelle. Ouvrez toutes grandes vos oreilles et fermez les yeux, l’univers d’une fée se regarde avec l’âme, laissez revenir l’innocence de votre enfance, quittez ce quotidien d’agités qui vous étrangle. Asseyez-vous en arc de cercle, touchez doucement l’herbe de ce jardin qui vous accueille, laissez la terre venir se confier à vous.
    2ème tirage : Fumée / Lumière / Lin / Rivage / Dard / Intellect / Lune
    Le texte : Voilà, je vois que vous comprenez, abandonnez-vous. Si l’histoire vous fait frissonner, vivez la avec passion. Ceux que ça rassure pourront se couvrir d’une couverture de lin, elle est de qualité. La lumière et la fumée sont des acteurs à part entière de ce que je vais vous conter, tout comme les lointains rivages sous un plaisant rayon de lune. Ne vous attendrissez pas trop non plus sinon le dard de vos ennemis de vous épargnera pas. Je compte sur l’intellect de chacun pour se fondre dans le décor sans oublier l’essentiel. A la fin tout le monde aura écouté la même histoire, mais pour chacun le voyage sera différent mais qu’importe la destination seul le voyage est important.
     

      

    2ème DEFI

    Mots obligatoires :

     

    1er tirage : Aléas / Vivre / Chômeur / Pelouse / concupiscence / Continuer / Héros

     

    Le texte : Encore une journée pour rien, son passage à Pôle Emploi ne le redonnait pas le sourire. Ce chômeur venu le cœur empli d’espoir en repartait une fois de plus abattu. Pourtant, malgré les aléas de la vie, il lui fallait continuer à vivre sans baisser les bras. Un parc se profilait à l’horizon, il décida d’aller se ressourcer quelques minutes sur cette pelouse qu’il percevait à une dizaine de pas. Assis, il regarda sans concupiscence les nantis de cette ville venus promener leur progéniture à l’avenir assuré. Parmi ces bambins, qui seraient les héros de demain, nulle ne pouvait le savoir.

     

    2ème tirage : Rage / Découverte / Rire / Casse-cou / Jaune / Pensait / Entendre

     

    Le texte : Point de rage ou de rire jaune à les entendre se moquer gentiment de leurs contemporains moins bien lotis qu’eux. Il garda ce qu’il pensait pour lui et préféra quitter les lieux. A peine la rue traversée, un casse-cou manqua de le renverser sans un mot d’excuse, il ferait sans doute bientôt la découverte de la douleur provoquée par une chute sans être pourvu d’un casque. Non loin un couple de jeunes gens s’enlaça tendrement, il les regarda quelques secondes, la vie continuait sa route, il fit de même en espérant des lendemains qui chantent.

     

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  •  Bonsoir à tous et à toutes,

     Ce vendredi sonne pour certains comme la fin de la semaine, pour d'autres la fin des vacances, enfin pour une minorité le début de congés bien mérités.

     La rentrée littéraire dont on nous rebat les oreilles ne concernera qu'une toute petite frange des auteurs, ceux que l'on dit bankable, autrement dit ceux que les lecteurs achètent sur leur nom sans jeter le moindre coup d'oeil sur le quatrième de couverture. Qu'ils soient heureux ! Pour les autres dont je suis, c'est une nouvelle bataille qui s'engage pour trouver des salons du livre accueillant, des libraires ouverts aux nouveaux talents, des éditeurs sérieux désireux de faire du bon travail en défendant bec et ongle leurs auteurs après de tous les acteurs de ce monde sans pitié.

     Ce jour je viens de finir d'achever la correction de mon tout dernier roman, écrit après l'achèvement de ma trilogie dont le personnage central était Virginie de la Sablière. Dès lundi il va prendre le chemin d'un nouvel éditeur dans lequel je fonde beaucoup d'espoir, non que les Editions Persée me déçoivent mais j'ai la prétention de croire que l'on peut faire plus et mieux pour promouvoir ma prose. Une de mes critiques affirmait librement que Persée possédait une véritable pépite en ma personne, je vais bien voir si d'autres ont la capacité et la volonté de me faire briller.

    Bon WE à tous et à toutes.

     


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  • Un frisson la secoua violemment des ongles des pieds jusqu’à la racine de ses cheveux Ses paupières lui semblaient si lourdes que la simple action d’entre ouvrir les yeux lui parut une épreuve des plus insurmontable. Elle se raidit. La conscience lui revenait peu à peu. Elle lutta davantage, se concentra, et parvint enfin à ouvrir les yeux. L’effort consenti pour y parvenir ne fut pas récompensé à sa juste valeur, une obscurité totale baignait l’endroit où elle se trouvait être allongée. Oui, c’est ça, elle prenait doucement conscience de se trouver dans une position horizontale. Mais point de confort, la pierre, n’importe quelle pierre eut paru plus accueillant que la matière sur laquelle elle semblait reposer de tout son long. Avec son retour la conscience, un sentiment de panique commença à l’envahir. Elle ne voyait rien, absolument rien, était-elle devenue aveugle ? Avant qu’elle ne puisse répondre à cette question, ou simplement émettre un début d’hypothèse, une douleur fulgurante lui vrilla les côtes, puis ses poumons la brûlèrent de l’intérieur. Avant qu’elle ne puisse esquisser le moindre geste, sa bouche s’ouvrit mécaniquement toute seule, et un flot de liquide très acide s’en échappa sans qu’elle put en contrôler quoi que ce soit.  La puissance du jet lui rejeta la tête en arrière aussi subitement qui violemment. Avant qu’elle ne comprenne ce qui lui arrivait, elle sombra de nouveau dans l’inconscience.

    Le froid la réveilla. Elle grelottait littéralement. Son cou la faisait souffrir, sans doute une conséquence de sa précédente régurgitation. Ses yeux refusaient toujours aussi obstinément à lui obéir. La tiédeur d‘un linge humide posait sur son front lui apporta du réconfort. Lentement son cerveau commençait à fonctionner de nouveau normalement et avec lui une certaine forme de prise de conscience s’opérait. Ce linge tiède qui la soulageait en lui octroyant un peur de chaleur indiquait qu’elle n’était pas seule. Une personne se trouvait à son chevet. Cette présence aurait dut la rassurer mais point du tout car on ne lui parlait pas. Tout n’était que silence, et si en plus de ne plus voir, elle ne pouvait plus entendre non plus…

    De nouveau son sentiment de panique commença à regagner du terrain. Bien décidée à ne plus laisser ce sentiment la submerger une fois de plus, elle se força tant bien que mal à se calmer. Puis d’un coup le linge humide et tiède lui fut retiré du son haut de son visage. Elle voulu saisir la main qui venait de lui ôter le seul bien être que son corps appréciait lors de ces dernières heures, mais ses bras, à leur tour, refusèrent également de lui obéir. Une seule tentative lui suffit pour comprendre que ses jambes ne lui viendraient pas plus en aide que le reste de son corps. Sa tête seule semblait vouloir encore bien fonctionner. Et encore, fonctionner semblait un bien grand mot car jusque présent seul son cerveau reprenait lentement du service. Lorsqu’elle voulu parler, aucun sons ne furent produits par ses cordes vocales. Tout juste ses papilles gustatives se plaignirent de la persistance de la présence d’acide gastrique dans sa salive, à laquelle venait s’ajouter un arrière goût de fiel et de sang mélangé. Elle hoqueta puis une violente douleur lui traversa la boite crânienne. L’intensité de l’attaque la replongea instantanément dans l’inconscience.

    Son absence, dépourvue de rêve, prit fin tandis que son estomac criait famine. De toute évidence, son état allait doucement en s’améliorant, du moins traduisait-elle ainsi l’évolution de ses symptômes même si paradoxalement elle ignorait tout des maux dont elle soufrait. Son estomac n’était cependant pas le seul à se manifester, ses fonctions olfactives reprenaient  également du service. Pour autant elle s’en serait volontiers passée car les odeurs de moisi et d’humidité à l’arrière gout franchement rance lui agressèrent littéralement les parois nasales. Si le reste de son corps refusait toujours aussi obstinément de coopérer, elle en vint à se demander si on ne lui avait pas entravé les membres afin de l’empêcher de bouger. Ses capacités de raisonnement revenaient elles aussi. Un son attira son attention venant de sa droite. Il fallait absolument attirer son attention, lui dire la détresse qui était la sienne et le besoin d’aide que nécessitait son état. Elle tenta de formuler une phrase puis de la prononcer, dire à ce ou cette inconnue qu’elle s’appelait Virginie de la Sablière mais ses efforts furent vains, aucun son ne franchit le seuil de sa bouche.

    Puisque personne ne prenait la peine de lui adresser la parole pour s’enquérir de sa personne, elle essaya de rassembler ses idées. A présent qu’elle se souvenait de son identité, comment pensait-elle en être arrivée à vivre cette situation en tout point déconcertante. Petit à petit les détails de sa vie s’assemblaient pour former un tout. Lentement les différentes pièces du puzzle qui formaient sa mémoire commençaient à s’imbriquer les unes dans les autres. Un nouveau bruit de pas en provenance cette fois-ci de sa gauche attira son attention et lui fit perdre le fil de ses pensées. Jugeant qu’il n’était pas opportun pour le moment de se disperser en se laissant distraire par quelques bruits, elle se concentra à nouveau sur elle-même.

    Tout juste nota-t-elle que le bruit des pas se différenciés tant des précédents qu’à présent elle était quasiment certaine qu’au moins deux personnes de corpulences différentes partageaient la même pièce qu’elle. Etape par étape, elle se souvenait de son enfance, de Julie de sa Jeanne. Remontant le temps vers son présent, elle se souvint de Marie, de son domaine, de la mort de ses parents l’amenant à rencontrer le capitaine Croix d’Aubois et Nicolas Presca de la Hire. Si tout n’en était pas clair pour autant, elle saurait se satisfaire pour le moment de ces victoires sur son amnésie. Fermement décidée à se remémorer de la ou de les raisons qui l’avaient conduites à son état présent, elle se s’attarda pas davantage sur les petits détails qui refusaient à prendre leur place.

    Quand enfin elle en arriva à l’épilogue, au moment fatidique où elle surprit sa mère dans le bureau de son père, elle prit conscience que tout découlait de cet événement. Elle n’oubliait pas non plus qu’elle s’était entendue prononcer dans son dos « bonne nuit petite sœur », phrase précédent de peu le trou noir qui la voyait de réveiller dans cet étrange état et donc sa présente situation.  Pour autant, elle avait présent à l’esprit que cette partie de sa mémoire était à ne pas douter, la plus sujet à caution. Concernant sa mère, morte théoriquement depuis plusieurs mois, comment pouvait-elle se trouver vivante et apparemment en bonne santé dans le bureau de son père ? Non, vraiment, cette partie de ses souvenirs devaient ou plus vraisemblablement ne pouvaient pas être exact. L’aurait-elle rêvé ? Possible, du moins ne voyait-elle pas à l’instant présent, de meilleure explication pour expliquer cette vision d’outre tombe.

    Mais alors si personne ne l’avait assommé comme sa mémoire le prétendait, à quoi ou à qui devait-elle son état ? A une chute dans l’escalier ? Supputation crédible même si elle se rappelait pas l’avoir emprunté cette nuit là. Le comte Cagliostro de Monte Sano, las d’attendre des plans qu’elle ne détenait pas, s’était-il résolu à passer à l’offensive en donnant l’assaut à son domaine ? La présence des soldats de l’armée impériale sous son toit aurait du le dissuader de pareille folie, mais avait-il encore les moyens d’attendre d’avantage ? A moins que le lieutenant Capus ne se soit pas faire prendre au piège tendu sur ses conseils par le capitaine Croix d’Aubois…Alors une vengeance ? Non impossible, ou alors pas dans un si court laps de temps. Ce genre d’action nécessitait une organisation de longue date et le temps était justement ce qui lui aurait le plus manqué.

    Alors qui ? Le fiancé de son amie d’enfance, la jeune Sophie Couste d’Auvergne, à la solde de ses ennemis qu’elle avait brutalement éconduit ? Lui possédait évidemment un excellent prétexte car pour sauver sa position au sein de sa nouvelle famille, il devrait supprimer directement ou indirectement toute trace de sa tentative avortée… Non, pour lui comme précédemment pour le lieutenant Capus, le facteur temps en interdisait toute possibilité même si la détermination de ces hommes à son égard ne laissait que peu de place au doute.

    Ses investigations introspectives n’allèrent pas plus loin car pour la première fois depuis ses différentes phases de réveil, elle entendit des paroles s’échanger entre les différentes personnes présentes dans la pièce. Soit ses capacités auditives fonctionnaient de nouveau à peu près normalement, soit pour la toute première fois ils prenaient le risque de parler devant elle sans se méfier de ce qu’elle pourrait entendre de leur conversation. Pour le moment, à la lueur de ses dernières déductions, la première de ces deux supputations lui paraissait la plus logique.

    Venant confirmer cette thèse, elle commençait tout doucement à comprendre le sens des paroles qui s’échangeaient non loin d’elle. Une voix d’homme faisait écho à celle d’une femme. Réagissant mieux aux sons graves qu’aux sons aigus, la question prononcée par la femme ressemblait à un murmure presque inaudible que son cerveau peina à déchiffrer, à la différence de la réponse de l’homme qu’elle comprit parfaitement.

    -Même si son état semble globalement aller en s’améliorant, je persiste à dire que nous ne pourrons pas la sauver.

    - Ne la condamne pas encore, il doit bien y avoir encore matière à espérer. Si seulement nous parvenions à lui faire avaler un peu de nourriture…

    - Tu oublies un peu vite le désastre de notre dernière tentative. Nous ne devons rien nous reprocher, , personne ne le devra ni ne le pourra. Son corps refuse obstinément de s’alimenter.  Nous pourrons la veiller des jours et des jours que rien ne changera. Je ne sais ce qu’en penserait son esprit mais son corps à décider de cesser la lutte et tu sais comme moi que nous ne pouvons lutter sans son aide.

    - Ils nous tuerons pour cet échec !

    - Alors soit, nous mourrons avec l’intime conviction d’avoir fait ce qu’il était humainement possible de faire. Mais je suis plus optimiste que toi, ils sauront reconnaitre notre dévouement. Sans nous elle serait certainement morte depuis bien longtemps, je pense qu’ils en tiendront compte.

    - Il s’agirait d’une toute autre personne que la reine noire, je nourrirai le même espoir que toi mais la concernant, ils ne laisseront aucun témoin derrière eux de ce qui s’est passé.

    Virginie de la Sablière perçut nettement le ton pour le moins désabusé qui transpirait de cette dernière réplique émise par la voix féminine. Elle comprit que l’on parlait de sa personne mais ce que cette voix en disait lui paraissait complètement étranger. Que lui était-il donc arrivé pour que son corps se laisse mourir de la sorte ? Etait-ce également pour cette raison que son corps avait expulsé du liquide de sa bouche ? Quant à ce qui avait attrait de près ou de loin à cette reine noire, elle n’y comprenait rien. A moins que…  Mais oui bien sûre, Virginie de la Sablière ne devait pas être la seule à reposer dans cette pièce, au moins une autre femme en souffrance devait s’y trouver également. Et donc, en conclusion, ce dialogue ne la concernait pas elle mais une autre, voilà qui expliquait tout.

    En son for intérieur elle respira mieux. Sans compter qu’elle ne voulait pas mourir mais vivre. Oui vivre, courir, danser, revoir le capitaine Croix d’Aubois et enfin reprendre la conversation là où ils l’avaient interrompu lors de leur dernière conversation. Tandis qu’elle continuait à les écouter de manière beaucoup plus détachée, l’homme et la femme cherchaient toujours un moyen de se soustraire au destin funeste qui leur était réservé. L’homme surtout ne semblait pas se résoudre à rendre les armes si facilement, il tentait de trouver un moyen de sauver leur situation.

    -Si son corps disparaissait, que pourrait-on nous reprocher ?

    - Mon pauvre Hector, la disparition de la reine noire nous sera imputer que son corps soit retrouvé ou non.  Nous devions veiller sur elle au péril de notre vie et nous avons faillit à notre devoir. Crois-moi, ils n’iront pas chercher plus loin pour nous condamner à mort.

    - Mais nous sommes en rien coupables du malheur qui lui est survenu…

    - Je le sais bien moi, mais tu sais également que nous paierons pour l’exemple. Les vrais coupables ne devraient plus courir bien longtemps, je ne sais pas quel sort ils nous réservent, mais je crois deviner que je le préfère encore à celui dont ils hériteront quand ils seront capturés. Avant de passer de vie à trépas, ils prendront soin de leur faire regretter leur geste et j’espère bien que leurs âmes iront pourrir en enfer !

    Un lourd silence ponctua ses dernières paroles. Virginie de la Sablière sentait une sincère émotion dans cette absence de paroles. Alors qu’elle pensait la conversation définitivement close, la voix de la femme se fit de nouveau entendre dans la pièce. Cette fois-ci elle parla à voix basse, comme sur le ton de la confidence ou alors de peur d’être entendu par d’autres oreilles que celles d’Hector.

    -A ton avis, passera-t-elle la nuit ?

    - Je ne sais pas mais je pense qu’au plus tard demain elle nous aura quitté.

    - Penses-tu qu’elle souffre ?

    - Son visage à l’air serein, je m’avance peut être mais je ne crois pas qu’elle souffre. Elle n’a pas reprit conscience et sincèrement je continue de penser que c’est mieux ainsi.

    - Hector, si tu dis vrai, allons nous la laisser s’éteindre tout doucement et en être simplement témoins ?

    La voix du dénommé Hector monta d’un ton. D’avance il réprouvait ce qu’il devinait se cacher derrière les paroles de son interlocutrice.

    -Tu n’imagines tout de même pas que nous allons abréger ses souffrances !

    - Calmes toi donc Hector, il n’est nullement ici question d’aider la faucheuse à faire son œuvre. La reine noire a toujours été bonne avec moi comme avec toi, alors jamais je ne ferais une chose pareille, et je t’interdis de le penser. Elle souffrirait qu’il en irait autrement, oui certainement, mais regarde donc son visage, elle parait si reposée que l’on dirait qu’elle dort paisiblement.

    - Alors je ne comprends pas le sens de ta question la concernant.

    - Crois-tu en Dieu Hector ?

    - Quelle question !! Depuis longtemps, et tu le sais mieux que personne, je ne cache à personne mon aversion pour toutes les formes de croyances. Je laisse bien volontiers à qui le souhaite de croire en Dieu, au Diable ou à autre chose, car s’il existe il a créé cette terre et le malheur qui y règne. Ne me dis pas que tu crois toi aussi à toutes ces sornettes, pas après ce que nous endurons jour après jour pour juste tenter de survivre dans cette ville où les rats sont plus heureux que nous.

    - Je ne prétends rien de la sorte et tu connais parfaitement mon point de vue sur la chose. Mais vois-tu, dans les affaires de la reine noire j’ai découvert un chapelet de prière, je pense qu’elle croyait en Dieu, celui des églises. Je ne voulais en parler à personne mais aujourd’hui tout me semble différent.

    - Et…

    - Et si son destin c’est de nous quitter cette nuit ou au plus tard demain, je pense que nous devrions conduire son corps dans une église. Après ce qu’elle a fait pour nous ces dernières semaines, je crois que nous le lui devons bien. Si elle croyait en son Dieu, alors qu’il s’occupe de son âme. Les Dignitaires ne nous tuerons pas deux fois, autant faire une dernière chose dont nous serons fières.

    De nouveau le silence succéda à cet échange entre Hector et la femme. De toute évidence l’homme réfléchissait à la proposition qui venait de lui être faite. Aux vues de ses propres convictions sur la chose religieuse, il ne se précipitait pas pour abonder dans son sens. Virginie de la Sablière en profita pour réfléchir aux nouveaux éléments qui venaient de lui être rapportés. A commencer, par celui, de son point de vu capital, qu’elle se trouvait entre les mains de ses ennemis car les noms des Dignitaires venait ici d’être prononcé. Ainsi donc ils la retenaient prisonnière. Elle comprenait mieux maintenant son sentiment d’entravement, elle devait se trouver attachée pour l’empêcher de s’enfuir. Certainement droguée ils s’étaient assurés qu’elle ne puisse pas appeler à l’aide.

    Ses geôliers, car elle ne pouvait plus à présent les nommer autrement, la femme et ce Hector devaient être en charge de sa personne. Elle aurait dut les maudire pour le rôle qu’ils occupaient dans cette vilaine histoire mais n’y parvenait pas eut égard à la charité chrétienne dont venait de faire preuve la femme envers la reine noire. Toute personne, qui allait à l’encontre de ses propres convictions en prenant sur elle de confier l’âme d’une autre personne à son Dieu ne pouvait pas être totalement méchante. L’esprit accaparé par la conversation et l’enjeu que représentait son salut, elle ne prit pas de suite conscience que son corps se plaignait moins.

    Si sa bouche ne pouvait toujours pas former le moindre mot, au moins la douleur en provenance de ses poumons n’existait plus. De nouveau son cerveau s’embruma. Elle devinait sans mal que l’effet des drogues dont on devait la gaver du soir au matin n’en finissaient pas de faire leur effet. Pourtant, curieuse de la réponse du dénommé Hector, elle lutta de toutes ses forces pour rester lucide quelques secondes de plus. Virginie de la Sablière en fut récompensée, avant de sombrer de nouveau dans son état végétatif.

    -Soit, nous viendrons la chercher ce soir deux heures après la tombée de la nuit. Je pense toujours que c’est pure folie d’agir de la sorte, mais nous conduirons discrètement son corps dans une église que je connais.

    - Merci Hector je savais que je pourrais compter sur toi.

     

    OOOO

    Secouée en tous sens, Virginie de la Sablière reprenait péniblement conscience. Le sentiment de froid intense se fit encore d’avantage ressentir que lors de ses phases de réveil précédent. Que se passait-il donc ? Un hennissement de cheval résonna aussitôt accompagné d’un claquement de fouet. A n’en pas douter on la conduisait vers une nouvelle destination. Les pavés rendaient chaotique ce nouveau déplacement dépourvu de tout confort. La mort inéluctable, ou jugée comme telle, de la mystérieuse reine noire devaient avoir forcé ses geôliers à improviser un repli stratégique. Sans doute craignaient-ils que les représailles qu’ils pressentaient  comme inévitable ne rejaillissent sur leur protégée. Ce qui, tout bien pesé, ne possédait pas beaucoup de sens.

    Fuir, ou seulement tenter de fuir, une organisation aussi bien structurée que celle fondée par les Dignitaires lui semblait de la pure utopie. N’ayant rien d’autre à faire que de puiser en elle-même la force de combattre le froid qui lui mordait la peau et la chaire, elle tenta une fois de plus de faire jouer ses muscles. Peine perdue, une fois encore son corps refusa de lui obéir. Même préoccupés par leur fuite éperdue, ils avaient continué à la ligoter fermement de peur qu’elle ne tente de leur échapper. Et puis, à la réflexion, l’empoter avec eux pouvait ne pas être totalement désintéressé. Projetaient-ils de se servir de sa personne comme monnaie d’échange ? Leur vie sauve contre la sienne pouvait s’avérer un judicieux calcul dans les jours à venir.

    Combien de temps dura ce voyage, elle l’ignora. Depuis maintenant longtemps elle avait perdu la notion de jours, alors les heures… De l’eau, des gouttes d’eau, vinrent frapper son visage à une cadence régulière qui allait croissante. Non seulement l’inconfort de son voyage la ballotait de droite et de gauche sans aucun ménagement mais de plus elle prit conscience que rien ne viendrait la protéger de la fureur des éléments si ceux-ci venaient à se déchainer. Décidemment le peu d’organisation dont semblait s’entourer ce voyage nocturne s’apparentait de plus en plus à une fuite précipitée. D’un autre côté, Virginie de la Sablière apprécia le contact de l’eau froide qui ruisselait sur l’ensemble de son visage. D’une certaine manière cela l’aiderait à se tenir éveillée, sans compter que de ressentir cette sensation lui confirmait encore son appartenance au monde des vivants.

    L’ondée fut passagère, bientôt son transport ralentit pour finalement s’immobiliser. Virginie de la Sablière tendit l’oreille mais aucunes paroles ne s’échangèrent entre Hector et la femme. Peu après cette pause de courte durée, le transport sur lequel elle reposait reprit de la vitesse. Elle ne déduisit rapidement que la reine noire venait d’être déposée dans la fameuse église sélectionnée par Hector. Bien que ne la connaissant pas, Virginie de la Sablière récita une prière pour le salut de son âme comme toute bonne chrétienne aurait fait dans pareilles circonstances.

    Cette nouvelle partie de trajet ne dura pas longtemps ou du moins en eut-elle l’impression. Son transport s’immobilisa, elle sentit que des mains se saisissaient de son corps. La nuit devait favoriser leurs desseins, elle espéra tout de même que l’ensemble de opération ne passe pas totalement inaperçu. Pour autant elle ne se berçait pas d’illusions, si ses geôliers agissaient de la sorte, c’est qu’ils avaient dut peser les risques que son évacuation leur faisait prendre. 

    Non, elle se ressaisit. Elle devait absolument continuer à positiver, rien ne pouvait être pire que le pessimisme dans pareille aventure. L’espoir était sans doute tout ce qui lui restait, elle devait s’y accrocher de toutes ses forces. Le capitaine Croix d’Aubois devait retourner ciel et terre pour retrouver sa trace. Nicolas Presca de la Hire, secondée par une Julie Prevost, ne devait pas non plus ménager sa peine. Pour eux et leur détermination à la secourir, elle ne pouvait ni ne devait baisser les bras.

    Sa sensation de froid diminua, elle devait à présent se trouver à l’abri. La fraicheur de la pierre lui succéda, elle comprit que l’on venait de la poser à même le sol. Décidemment on ne faisait pas grand cas de sa personne et encore moins de son confort. Alors qu’elle désespérait d’entendre résonner une voix humaine, la voix féminine s’adressa à ce qu’elle devinait être Hector.

    -Nous allons donc l’abandonner ici ?

    Virginie de la Sablière en aurait presque sauté de joie sises jambes le voulaient le bien. Ainsi ils avaient choisi de la libérer en l’abandonnant dans un endroit où l’on ne tarderait pas à la découvrir. Enfin son calvaire n’allait plus tarder à prendre fin.

    -Tu disais vouloir confier son âme à son Dieu, voilà qui est fait. Nous ne pouvons plus rien faire pour elle, tu dois comme moi te résigner à laisser la reine noire prendre le chemin de sa dernière demeure.

    - Hector…

    - Non, plus d’Hector pour cette nuit. Quittons de suite cet endroit sinon nous allons finir par attirer l’attention. Rejoindre Reims au plus vite, c’est ce que nous avions convenu quand son corps serait en ce lieu, il est grandement temps de reprendre la route si nous voulons conserver une chance d’échapper à leur courroux.

    - Et si…

    - Et si, rien ! ! Après tout fais ce que bon te semble, moi je pars en espérant que la distance suffira à nous faire oublier. Soit tu me suis tout de suite, soit je te laisse ici mais je ne donne pas chère de ta vie. Dans quelques heures il sera trop tard pour espérer leur échapper. Je reconnais que ton idée de la conduire en ce lieu était la bonne. Non venons de sauver son âme, tentons maintenant de sauver nos vies.

    Virginie de la Sablière entendit le son de leurs pas s’éloigner puis une porte se refermer brutalement. Pour eux la fuite commencer. Par contre ce qu’elle venait d’entendre de leurs bouches venait de lui asséner un grand coup de massue. Ce qu’elle se refusait d’envisager depuis le début en se raccrochant à tout ce qu’elle pouvait, venait à présent de s’effondrer. C’est bien elle que l’on abandonnait dans cette église, bien elle que la vie devait quitter avant l’aube.

    Sans plus s’attarder sur le mystère qui entourait le fait qu’on la désigne sous le nom de la reine noire, elle réuni l’ensemble de ses forces pour tenter de bouger. Elle sentit ses muscles se contracter dans ses jambes mais rien d’autre ne se passa. Elle avait mainte fois songé à sa mort depuis celle de ses parents à cause des menaces que les Dignitaires faisaient peser sur ses épaules. Cependant jamais elle ne s’était laissé aller à imaginer mourir seule et dans de pareilles circonstances.

    Elle aurait voulu que tout ceci ne fut qu’un méchant cauchemar mais c’était bien la réalité qu’elle vivait ici et maintenant. Au moins ne souffrait-elle pas. Maigre consolation, mais à tout prendre mieux valait partir ainsi que dans l’agonie d’un corps en souffrance. Etrangement, plus les minutes passaient, et moins elle s’affolait. Non qu’elle se résigne à mourir, seulement elle cherchait les signes avant coureurs de son proche trépas sans les trouver. Donc son cœur allait subitement cesser de battre, elle ne voyait pas comment la faucheuse pourrait faire son œuvre autrement. Mais puisque la vie décidait de la retenir encore un peu dans le monde des vivants, elle décida de recommander son âme à Dieu. Altruiste, elle demanda également qu’il prenne en sa sainte garde tous ceux qu’elle aimait et qui ne saurait jamais ce qu’il était advenu d’elle.

    Ses plus profonds regrets allaient pour le capitaine Croix d’Aubois pour qui son départ pour l’au-delà mettait fin aux prémices d’une aventure amoureuse avant même qu’elle ne prenne son essor. Elle aurait tant souhaité lui dire combien elle tenait à lui et le bonheur qu’ils auraient put partager malgré les menaces qui n’auraient pas manqué de peser sur le jeune couple. Quant à ses ennemis, , elle ne les maudit pas. La justice des hommes ne les mettrait certainement pas tous hors d’état de nuire, mais la justice divine les rattraperait un jour au l’autre pour leur faire payer leurs forfaits.

    Virginie de la Sablière pria, et pria encore, récitant des textes sacrés adressés aussi bien à la vierge Marie qu’à son fils béni. Le froid se fit de nouveau sentir dans tout son corps, la faucheuse préparait sa moisson. Attendant sereinement que celle-ci fasse son œuvre, Virginie de la Sablière entendit de nouveau le son d’une porte que l’on ouvrait à la volée mais n’y prêta pas plus d’attention.

    -Que faites-vous donc là ma fille, relevez-vous !

    Une voix d’homme au timbre rocailleux retentit dans ce lieu de prière. A son injonction à se relever, elle ne pouvait évidemment pas donner suite. Du reste comment pourrait-il seulement imaginer en voyant une si jeune femme, que la mort s’apprêtait à faire son œuvre. Ne prenant pas la mesure du drame qui se jouait sous ses yeux, l’homme insista.

    -Mademoiselle, ce lieu saint n’est point un dortoir, de grâce relevez-vous tout de suite.

    Elle se sentit secoué comme un fétu de paille. L’homme tentait visiblement de la réveiller, il pensait certainement que le corps de la jeune femme gisait là sous l’effet d’un excès de boisson alcoolisée. Ne la ménageant pas le moins du monde, il commençait visiblement à perdre patience. Virginie de la Sablière ne demandait rien d’autre que d’obtempérer mais son corps, ses muscles, se raidissaient toujours davantage au fil des minutes. Puis subitement, sans un mot, il cessa de la secouer. Peut être venait-il se rendre compte de l’état dramatique dans lequel elle se trouvait allongé en travers de la nef de cette église. Ou alors quelque chose venait d’attirer son attention ailleurs.

    -Laissez, père Octave, je me charge de cette jeune femme.

    Ce n’était pas quelque chose qui venait de détourner son attention mais quelqu’un. Et ce quelqu’un possédait une voix unique qui le rendait reconnaissable même pour elle bien qu’aux portes de la mort. Une voix qui résonnait malheureusement trop tardivement pour la sauver. Mais que le réconfort de l’entendre la soulagerait au moment de franchir les portes de ce monde.

    -Qui êtes-vous mon fils et comment connaissez-vous mon prénom ?

    - Je me nomme Nicolas, avec votre aide nous allons sauver l’âme de cette jeune femme. Je vous connais car les bergers de notre Seigneur ne sont pas nombreux à posséder votre dévouement envers vos fidèles à cette paroisse. De grâce ne secouez plus cette brebis égarée mais portons la ensemble en votre sacristie.

    - Mais mon fils, je ne puis…

    Le prêtre n’acheva pas sa phrase. Virginie de la Sablière senti des bras puissant soulever son corps. Visiblement le prêtre venait d’accéder favorablement à la demande de Nicolas. Comment donc s’y était-il prit pour le faire changer d’avis ? Jamais, pensa-t-elle, elle ne l’appendrait, la mort ne lui en laisserait certainement pas le temps. Toujours incapable de prononcer le moindre mot, elle aurait pourtant dire à Nicolas que tout espoir de la sauver serait vain. Elle se mourrait et rien, ni personne, ne pourrait plus s’y opposer. Toutefois sa présence la rassurait, elle préférait se savoir partir en tenant une main amicale dans la sienne plutôt que seule et abandonnée comme elle le croyait encore il a peu.

    De nouveau elle senti qu’on l’allongeait. Certainement dans le but de la réchauffer, on entoura ses jambes et son buste d’un drap tiède. Peine perdue, le transfert de chaleur ne s’effectuait pas, elle était à présent insensible à ce qu’on cherchait à provoquer. Virginie de la Sablière tenta une dernière et ultime fois d’ouvrir les yeux dans le but de contempler un visage amis avant de sombrer dans le néant mais n’en eut pas la force. De nouveau une porte claqua. Elle ne pouvait concevoir que Nicolas l’abandonne même pour un bref moment dans ces instants funestes. Il dut le comprendre car pour lui signifier sa présence à ses côtés, il s’adressa à elle en prenant bien soin de parler doucement tout près de son oreille.

    -Virginie, je sais que vous pouvez m’entendre. Je ne suis pas médecin mais je peux vous certifier que votre vie ne prendra pas fin cette nuit. Le prêtre est parti se coucher, personne ne viendra vous déranger avant longtemps. Nous désespérions de vous retrouver après tant de temps, mais la patience est une de vertu que je cultive assidument. Julie Prevost est déjà en route ainsi que des hommes de confiance pour vous protéger. Nous aviserons plus tard le capitaine Croix d’Aubois de votre retour parmi nous. Il n’approuverait pas que je le tienne à l’écart mais pour le moment je le juge préférable. Virginie nous allons vous sauver, je sais ce dont vous souffrez… Je sais également que vous ne pouvez pas parler, alors laissez votre corps tranquille et ne le soumettez pas à d’autres souffrances et lui demandant des efforts auxquels il ne peut consentir pour le moment.

    Virginie de la Sablière ne comprit pas tout de ce qui venait de lui dit, elle pensait que Nicolas cherchait surtout à l’apaiser en lui apportant un peu de réconfort. Pourquoi donc disait-il qu’il se désespérait de la retrouver ? Combien de temps s’était-il donc écoulé depuis que son frère l’avait assommé dans le bureau de son père ? Enfin c’est ce qu’elle pensait se souvenir si toutefois sa mémoire ne lui jouait pas de vilain tour en lui faisant croire à cette version des faits. Le lieutenant Capus avait-il déjoué le piège tendu par le capitaine Croix d’Aubois à l’auberge de l’arbre mort ? En conséquence, s’était-il vengé de sa personne en la faisant enlever ?

    Certes elle perdait la notion du temps, mais comment Julie Prevost pouvait s’être vue avisée de l’endroit où son corps avait été déposé à peine quelques minutes auparavant ? Non, au moins sur ce point Nicolas Presca de la Hire ne pouvait pas dire la vérité, il cherchait donc seulement à la rassurer pour que son départ de cette vie soit plus doux. Donc elle allait bel et bien rejoindre son créateur, le doute ne pouvait plus être admis.

    Il ne lui laissa pas l’occasion de pousser plus loin les conclusions de son raisonnement car il s’adressa de nouveau à elle.

    -A présent Virginie, laissez votre esprit se reposer, je veille sur vous et je ne vous quitterai pas. Tranquillisez-vous, je puis vous assurer sur ma vie que la votre ne souffre d’aucun risque dans les heures à venir. D’ici peu cet endroit sera sans doute l’un des mieux protéger de France. Quand vous serez rétabli, soit très bientôt, nous partagerons une longue conversation sur ce qui vous est arrivé mais pour le moment il est juste question que vous puissiez vous reposer.

    Malgré le ton empreint de la plus grande gentillesse qu’il employait, et la confiance non feinte qu’elle ui portait, Virginie de la Sablière hésitait encore à se laisser aller comme il lui conseillait de faire. La peur de mourir ou tout simplement de ne plus se réveiller s’avérait encore très forte. Cependant au bout d’un certain temps, elle rendit les armes et se laissa plonger dans le sommeil en murmurant intérieurement une dernière prière pour recommander son âme.

     

    OOOO

    Virginie de la Sablière s’éveilla et cligna plusieurs fois des yeux. La luminosité ambiante lui brulait la rétine et irritait son nerf optique. Cette agression déclencha l’apparition de quelques larmes qui lui troublèrent a vision. D’un coup tout lui revint en mémoire, la reine noire, Hector, sa paralysie, son transport dans une église dans le but de recommander son âme à Dieu et enfin l’intervention de Nicolas Presca de la Hire. Ainsi donc, d’évidence, elle se trouvait toujours en vie. De plus elle voyait, mal et trouble, mais le fait était là, elle voyait. Cette simple amélioration l’amena à prendre conscience que Nicolas venait certainement de la sauver d’une mort quasi inéluctable.

    Mieux, beaucoup mieux, elle parvint à ouvrir la bouche et à douloureusement déglutir. Elle senti ses lèvres sèches, mécaniquement elle passa sa langue dessus  dans le but de les humidifier. Mais rien n’y fit, les gerçures à la croute épaisse la coupait jusqu’aux commissures. Qu’importe, l’amélioration dont son corps faisait preuve lui redonnait du baume au cœur. Testant prudemment les autres membres de son corps, elle constata non sans un mouvement de panique, que la partie de ses membres inférieurs refusaient toujours de lui obéir.

    A ce moment précis, le visage amical de Julie Prevost se pencha dessus le sien, de sorte qu’elle entre dans son champ de vision. L’apparition subite de sn amie d’enfance la força à se calmer.

    -Bonjour Virginie. Non, ne t’agite pas trop, il te faudra encore quelques temps avant que tu puisses ne serait-ce que t’assoir.

    La lueur d’interrogation qu’elle lu dans les yeux de Virginie de la Sablière l’incita à continuer dans le but de la rassurer davantage.

    -Je vais te donner  boire. Un bon conseil, laisses l’eau couler dans ta gorge sans aspirer sinon tu vas tousser, ce qui dans ton état n’est pas franchement recommandé. Attention, je ne dis pas que c’est dangereux pour ta santé, mais simplement qu’il faut penser à ménager ton corps du moins le temps que tes muscles s’assouplissent. Tu ne comprends certainement rien à tout ça, sache que je suis là aussi pour cette raison. A présent je vais te relever la tête, entrouvre la bouche et suis mon conseil, avales par toutes petites gorgées. Quand ce sera fait je t’en dirai un peu plus.

    Virginie de la Sablière cligna des yeux et tenta de hocher de la tête en signe d’acquiescement. La douleur que lui renvoya en écho ses cervicales la fit grimacer. Passive, elle senti que Julie Prevost lui soutenait la tête en s’attachant à bien lui soutenir la base de la nuque. Entrouvrant les lèvres, elle sentit avec bonheur la fraicheur que lui communiquait l’eau lorsqu’elle pénétra dans sa bouche. Elle s’appliqua à bien respecter es consignes de son amie et dégluti tout doucement. Le résultat ne tarda pas, sous l’action de ce doux liquide cristallin, elle sentit s’atténuer le gout de sa salive épaisse que le manque d’hydratation avait fini par rendre malodorant.

    Quelques petite gorgées plus tard, Julie Prevost lui reposa délicatement la tête sur un oreiller improvisé mais au demeurant fort confortable. Fidèle à son engagement, elle reprit le fil de ses explications.

    -Pour le moment nous nous trouvons toujours dans l’église où Nicolas t’a retrouvé. Nous sommes le début de l’après midi et semble-t-il, tu as été conduit ici aux alentours de vingt heure. Même si pour le moment tu n’as pas encore recouvré l’usage intégral de tes membres, ne vas surtout pas te poser de méchantes question, c’est tout à fait normal. Comme tu le sais déjà, je ne suis pas docteur en médecine, mais à ce que je ais tu aurais été victime d’un empoisonnement. Il s’agirait d’une espèce de venin de serpent qui a pour conséquence la paralysie progressive des muscles de celui ou celle qui en est victime. Petit à petit chaque muscle est touché, jusqu’au moment ou le cœur s’arrête de battre. Nicolas t’a déjà fait absorber ce qu’il fallait pour le combattre, maintenant il faut laisser agir l’antidote. Nos hommes surveillent étroitement cette église, personne ne pourra attenter à ta personne sans prendre le risque d’y perdre la vie à son tour. Tu sais, quand Nicolas m’a informé de l’endroit où tu te trouvais, et surtout que tu étais vivante, j’en aurai sauté de joie. Il nous disait sans cesse de ne pas perdre espoir, que quelque part il te savait vivante, que nous finirions par te retrouver, mais moi, come les autres, je commençais sincèrement à douter de te revoir un jour. Et de fait, il avait raison, tu es la preuve qu’il ne faut jamais renoncer, oui jamais…

    De nouveau, pour Virginie de la Sablière, les paroles de Julie Prevost sonnaient étrangement. Pourquoi donc cette référence à cette perte d’espoir de la retrouver vivante ? Son frère l’avait lâchement assommé, puis lui et leur mère l’avaient empoisonné pour détourner les soupçons. Pour elle toute cette lamentable histoire semblait claire comme de l’eau de roche. N’eusse été son incapacité provisoire à s’exprimer, elle le lui aurait dit.

    -Je vais devoir te laisser quelques minutes, le temps de régler une ou deux questions et je reviens auprès de toi.

    La lassitude ne l’ayant pas totalement abandonnée, Virginie de la Sablière ne demandait pas mieux que d’être laissé tranquille. Se concentrant sur elle-même, elle fini par ressentir un léger fourmillement venir lui chatouiller le bout des doigts de sa main gauche. Cette sensibilité qui revenait la donnait à espérer que très bientôt le reste de son corps ferait des progrès en tous points comparables. Ainsi donc l’empoisonnement se trouvait être à l’origine de son état. On avait cherché bien loin le moyen de se débarrasser de son encombrante personne, alors qu’une anodine chute dans son escalier aurait largement fait l’affaire pour masquer les véritables causes de son levé nocturne. Décidemment son frère et sa mère avaient bien compliqué ce qui, au demeurant, aurait put rester qu’un incident domestique des plus banal. Mieux, cette chute aurait facilement masqué le coup porté par son frère dedans son dos.

    Virginie de la Sablière interrompit sa réflexion alors qu’elle prenait conscience qu’elle acceptait un peu facilement une vérité qui allait en total contre sens avec ce qu’elle tenait pour acquis depuis maintenant plusieurs mois. Sa mère n’était donc pas morte !! Etrangement le seul fait d’évoquer cette probabilité ne le surprenait pas, pire, ça ne la réjouissait pas non plus…

    Etait-elle devenue insensible ? Ou tout simplement ce qu’elle avait appris petit à petit sur la véritable nature de sa personne avait modifié, pour ne pas dire bouleversé, la vision idyllique que toute personne se faisait de sa mère ? Le seul fait de se poser cette question la rendit mal  l’aise. Si elle avait survécu à l’incendie de son carrosse, qu’en était-il de son père ? Lequel des deux avait prit sur lui d’organiser cette macabre mise en scène ?   L’un, l’autre, les deux…

    Jusqu’à quel point étaient-ils complices ? L’un était-il devenu la victime de l’autre ? Enfin tout ceci ne possédait réellement de sens que si elle n’avait pas rêvé son agression cette nuit là dans le bureau de son père… Alors morts ? Pas morts ?...

    Pourquoi dès que l’on abordait le sujet de se parents rien ne pouvait être simple comme elle l’aurait tant espéré ? Faire le deuil de ses deux parents en même temps représentait une pénible épreuve qu’elle ne souhaitait à personne mais que dire si au final tout cela n’avait été qu’une terrible mise en scène… Depuis sa toute prime enfance, ses parents lui servait de modèle pour se construire, aujourd’hui que devait-elle en penser ? Si tout ceci n’était pas un cauchemar dont le matin allait la réveiller, alors elle se demanda comment ne pas finir par devenir folle à lier.

    Le niveau sonore en provenance de la nef de l’église monta de plusieurs décibels. Une certaine effervescence semblait prendre possession de ce lieu. Cette subite agitation tombait on ne peut mieux pour lui donner motif à se changer les idées des pensées morbides qui lentement mais surement prenaient formes dans sa tête. Du reste, Julie Prevost revint précipitamment auprès d’elle dans le seul soucis de la rassurer.

    -Ne crains rien, c’est juste Nicolas qui vient d’arriver.

    L’eau fraiche but quelques minutes plus tôt, ainsi que l’antidote administré firent qu’elle se senti capable de prononcer enfin une phrase intelligible.

                -D’arriver ? Tu veux dire de revenir…


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  •                                             CHAPITRE 1

     

    -Capitaine, elle reprend ses esprits.

    - Comment va-t-elle ?

    - Bien, son pouls est bon et ses réflexes normaux.

    - Merci docteur. Si vous avez fini de l’ausculter, je vais vous demander de nous laisser seuls.

    - Ne la fatiguez pas trop, elle ne sera pas en état de parler longtemps. Cette jeune femme est robuste mais il faudra songer à la ménager. Je reviendrai la voir en consultation demain matin. Je compte sur vous pour ne pas abuser, il faut qu’elle récupère. Dans un jour ou deux, mademoiselle de la Sablière ira mieux. Laissez à son organisme le temps d’évacuer toutes les humeurs dont son corps souffre. J’ignore ce qu’elle a inhalé, mais elle s’en débarrassera. Je repasserai demain en fin de journée. Non, ne me raccompagnez pas, je connais le chemin.

    Virginie ouvrit péniblement les yeux. Le visage tant espéré de son bel officier apparu dans son champ de vision. Allongée sur un lit confortable, elle reconnut le décor familier de sa chambre à coucher. Mais de laquelle s’agissait-il exactement ? De celle de son domaine ou de sa réplique dans la tanière ? La bouche sèche, et une langue épaisse s’opposaient à ce qu’elle puisse parler. Rassemblant ses maigres forces, elle se força tout de même à articuler ce prénom qu’elle aimait tant.

    -Guillaume…

    - Ne parlez pas, le médecin refuse pour le moment que vous sollicitiez vos cordes vocales. Il affirme que vous devez les laisser se reposer sinon il pourrait y avoir des séquelles graves.

    - Soif, j’ai soif…

    Son corps ankylosé refusait encore de répondre à tous ses ordres. Une situation qu’elle avait déjà vécue et qui lui rappelait de bien mauvais souvenirs. Que lui était-il arrivé pour se retrouver dans pareil état ? La présence de Guillaume la rassura. Au moins cette fois-ci se trouvait-elle en bonne compagnie et non entre les mains des Dignitaires ou autres. Le souvenir de cette organisation raviva quelques souvenirs. Tandis qu’elle essayait de rassembler les morceaux de ce puzzle encore dispersé, elle entendit Guillaume réclamer qu’on lui donne à boire.

    Marie, sa Marie, se pencha vers elle pour lui relever la nuque. Plus de doutes possibles, après bien des semaines d’absence, elle était enfin revenue chez elle, dans son domaine. Le visage radieux de sa jeune servante en disait long sur le soulagement de l’avoir retrouvé vivante. Avec délicatesse elle l’aida à relever lentement la tête puis lui fit boire à petites gorgées une infusion légèrement sucrée. Le liquide la fit brièvement tousser quand il coula dedans sa gorge. Marie s’interrompit puis posa la tasse presque vide sur la table de chevet avant de remonter son oreiller.

    -Capitaine, je vais veiller sur mademoiselle cette nuit. Je m’installerai dans ce fauteuil pour ne pas la quitter des yeux. Allez prendre quelques heures de sommeil, vous les avez bien mérités. Encore merci, soyez béni de nous l’avoir ramené vivante. Nous n’avons jamais perdu espoir et grâce à Dieu, elle nous est revenue.

    - Si quoi que ce soit se produit…

    - Dans la seconde vous serez avertis. Après toute cette route, vous méritez le repos qui vous attend. Voulez-vous que je demande à notre Jeanne qu’elle vous prépare une collation ou une tasse de café chaud ?

    - Merci Marie, mais je crois que ce corps que vous voyez-la, n’aspire plus qu’au repos. Je vous laisse veiller sur mademoiselle, je sais à présent qu’elle se trouve entre de bonnes mains.

    Il quitta la chambre les laissant seules. Virginie conservait les yeux mi-clos. La fatigue l’ayant momentanément quittée, elle brûlait de savoir ce qu’il était advenu du domaine et de ses gens durant son absence. En plusieurs mois, des tas de problèmes s’étaient forcément posés à son remplaçant. Comment surmontait-il les caps difficiles ? La récolte promise par son maître de chai présentait-elle la quantité qu’il attendait ? Et la qualité ? Sa Jeanne ne s’apprivoisait pas facilement, de quelle manière conduisait-il sa relation avec elle ?

    Marie remonta le drap jusqu’à son menton. Craignant sans doute qu’elle prenne froid, elle remit une bûche dans l’âtre fumant de la cheminée. Elle activa légèrement les braises puis reprit sa place sur son fauteuil.

    -Marie…

    - Non ne parlez pas, le médecin vous l’a interdit. Je me suis engagé auprès du capitaine à vous surveiller. Vous avez faim ou soif ? Répondez juste par un hochement de tête si vous le pouvez.

    Virginie lui signifia de cette manière qu’elle ne désirait ni l’un, ni l’autre.

    -Mademoiselle, si vous saviez la joie que j’ai à vous revoir dans cette maison. Je ne suis pas la seule, tout le monde se félicite de votre retour. Votre Jeanne a préparé un gâteau pour l’occasion mais le médecin déconseille encore que vous le goûtiez. Elle a été déçue mais dès demain vous pourrez peut-être en manger une part. Elle a fait celui que vous préférez, aux noisettes. Mais je vous ennuie sans doute avec tout ce babillage. Je vais me taire, vous vous reposerez mieux en silence.

    Pour toute réponse, Virginie hocha négativement la tête et dans un effort posa sa main sur la sienne. Elle ne l’ennuyait pas, au contraire.

    -Je ne sais si votre docteur approuverait que je vous maintienne éveillée mais je suis tellement heureuse de vous parler. Quand vous voudrez que j’arrête, fermez les yeux, je comprendrai. Quand vous avez disparu, cette sinistre nuit, le domaine en a été tout chamboulé. Le capitaine est entré dans une rage folle, mais je suppose que ça vous a déjà été rapporté. Nous avons compris que vous ne reviendrez pas quand les soldats ont quitté le domaine. Avant de partir, le capitaine a fait nommer un homme que personne ici ne connaissait pour gérer vos affaires. À ce que je sais, il s’est tout de suite bien entendu avec votre notaire et votre banquier. Personne n’a jamais eu à s’en plaindre. Je pense que vous le rencontrerez dès que votre état de santé le permettra. Vos vendanges se sont bien déroulées aussi. Aux dires de votre maitre de chai, pour une première année d’exploitation le millésime sera un très bon cru. En apprenant la nouvelle de votre retour, votre notaire a déjà sollicité une audience. Le capitaine s’est montré ferme, tant que vous n’irez pas mieux, il ne prendra pas le moindre risque avec votre santé. Le retour de ses soldats en votre domaine a été une bonne nouvelle pour tout le monde. Même votre Jeanne leur a fait bon accueil, c’est vous dire… Il faut comprendre que votre disparition a été un grand choc pour tout le monde. Nous ne pensions pas qu’il soit possible que l’on vous enlève alors même qu’une partie de l’armée impériale séjournait sous votre toit. J’ai également une mauvaise nouvelle, votre Marthe est morte à la fin de l’été. Le Claude, malgré qu’ils se disputaient tout le temps, en a été très peiné. Personne ne l’a remplacé. Cette perte, après votre disparition, nous a tous donné des idées noires. Votre Jeanne, qui se trouve à présent être la doyenne de votre domaine, a remonté le moral des troupes. Petit à petit, nous nous sommes laissées convaincre qu’il fallait garder espoir et que vous nous seriez rendu. Le jeune prêtre de la paroisse a donné plusieurs messes pour que nous puissions prier ensemble. Et aujourd’hui vous êtes là…

    Virginie comprenait volontiers le désarroi causé par sa subite disparition. Sa mère et son frère avaient fait du tort à tous ses gens en l’emportant de force à Paris pour lui faire plus tard endosser le costume de la reine noire. Cette évocation lui rappela une autre partie de ses souvenirs. A commencer par l’affrontement qui avait vu s’opposer Nicolas et sa mère. Même encore cette nuit, son cerveau refusait de croire ce que ses yeux lui avaient rapporté de leur combat. Que dire de la dextérité de Jules Saltus à éviter les lames de son frère… Et Julie, la pauvre Julie dont Jules semblait épris. Agissant en totale contradiction avec les ordres de Nicolas, ne l’avait-il pas enlevé à son tour, peu après l’avoir appelé par son prénom alors qu’il ne pouvait que l’ignorer. À présent quelles menaces planaient sur elle ?

    Quand enfin elle se remémora l’épisode se déroulant dans la cathédrale Notre Dame de Paris, une chaleur suffocante s’empara de son enveloppe charnelle. Comment son père s’était-il introduit dans le confessionnal ? Le prêtre qui lui avait conseillé de soulager son âme ne pouvait non plus avoir agi tout à fait innocemment. Et d’abord, était-ce vraiment son père sous la robe de bure ? Il fallait bien la connaître pour anticiper que cette conversation anodine la conduirait à agir comme elle l’avait fait. Qui à part son père pouvait en être capable ? En admettant que ce soit bien lui, cela voulait-il dire qu’il avait trouvé refuge à Notre Dame de Paris ? Non, Nicolas connaissait bien trop les églises et ceux qui se plaçaient sous leur protection pour ignorer une information de cette importance. À moins que le sachant, il l’eût fait délibérément conduire sous bonne escorte dans cet endroit.

    Mis à part les premières paroles échangées avec son père, sa mémoire refusait de lui expliquer par quel miracle elle ne conservait pas de souvenir de la fin de leur conversation, pas plus du voyage l’ayant ramené en son domaine. Et de son état de santé… Car le docteur, même s’il n’utilisait pas un ton alarmiste, exigeait pour elle du repos et encore du repos. À la suite de quel événement ou agression se retrouvait-elle dans cet état-là ? Il manquait une pièce à son puzzle, une pièce que Guillaume devait détenir sinon comment l’aurait-il ramené ici…

    Toute à sa réflexion, Virginie s’aperçu que Marie parlait toujours mais qu’elle venait de perdre le fil de son récit. Elle se sentit d’un coup transpirante. Forcer sa mémoire pour mieux comprendre les événements ne se faisait pas sans effets secondaires.

    -Mademoiselle vous êtes fiévreuse ?

    Marie porta mécaniquement sa main sur le front de Virginie.

    -Vous voilà brulante, c’est de ma faute je me suis laissée emporter par toutes ces histoires. Je vais aller voir notre Jeanne pour prendre conseil.

    Virginie lui retint le bras de sa main. Elle ne se sentait pas fiévreuse, seule la concentration dont elle faisait preuve pour rassembler ses souvenirs en était la cause. Qu’il est difficile de se faire comprendre quand parler vous est interdit. Rien que le fait de ne plus solliciter ses souvenirs calmait déjà sa transpiration. Marie l’épongea avec un linge sec puis lui redonna quelques gouttes à boire. Se croyant toujours coupable de ce qui venait de se produire, elle préféra s’abstenir de se lancer de nouveau dans un monologue. Virginie lui en fut reconnaissante, son cerveau refusait pour cette nuit d’en entendre davantage.

    -Fermez vos yeux mademoiselle, tâchez de trouver le sommeil, dormir vous fera le plus grand bien.

    Ignorante de l’heure qu’il pouvait se faire, elle suivit le conseil et se laissa emporter par un doux rêve dont elle ne garda aucun souvenir au petit matin. Son corps devait posséder de biens bonnes propriétés ou le mal dont elle souffrait encore la veille n’était pas si méchant car elle se réveilla plein d’allant. Dehors la nuit faisait doucement place au matin. Spectaculairement avachie sur son fauteuil, Marie s’était écroulée dans une bien étrange position pour dormir quelques heures.

    Virginie hésita à la réveiller. Endormie certainement très tard dans la nuit, elle serait bonne pour souffrir de courbatures. La voir dans cette position la fit culpabiliser un peu mais préféra tout de même la laisser comme elle était. Sa vessie la força à se lever. Prenant appui sur ses deux mains, elle tenta de se mettre debout. Prise de vertiges, elle dut s’y reprendre par trois fois avant que sa tête ne cesse de tourner. Progressant à petits pas, elle se dirigea vers son cabinet d’aisance. À son retour, Marie émergeait péniblement et s’étirait les muscles avec une grimace de douleur. Ne l’apercevant plus dans le lit, ses traits se figèrent.

    -Mademoiselle…

    - Là.

    Marie pivota de quatre-vingt-dix degrés.

    -Votre médecin ne veut pas vous voir debout avant deux jours. Si le capitaine savait que vous ne l’avez pas écouté, il en serait fort mécontent.

    - Je désire une tasse de chocolat chaud mais pas bouillant.

    Prononçant ces paroles, Virginie prit conscience que ses cordes vocales allaient également mieux. Son timbre de voix demeurait encore rauque mais la gêne se limitait à une simple irritation. Il fallait encore les économiser mais l’amélioration était notable. Ses jambes flageolèrent de nouveau, signe qu’elle devait regagner son lit et la position allongée. Marie soupira d’aise quand elle la vit remonter les draps sur elle.

    -Je vais aller vous chercher de suite cette tasse de chocolat. Promettez-moi que je vous retrouverai telle que je vous laisse en cette chambre.

    - Promis.

    - Si je rencontre le capitaine, que dois-je lui dire de votre état ?

    - Pour le moment, inutile de l’aviser de mon rétablissement. Après ce chocolat et peut-être un solide petit-déjeuner nous verrons.

    Marie descendit aux cuisines laissant Virginie à ses pensées. Son état de santé s’améliorait globalement vite. Tout comme sa mémoire, ce qui augurait d’une conversation mouvementée avec Guillaume. Maintenant qu’elle se rappelait lui devoir son état de santé, il faudrait qu’il s’en explique. Mais avant il fallait qu’elle reprenne des forces. De bonne constitution, ce qu’il lui avait fait inhaler de force ne ferait pas effet aussi longtemps qu’il ne le pensait. Sans doute un effet secondaire du contre poison que Nicolas lui avait administré. À moins qu’il ait mélangé un produit curatif et préventif au cas où l’une de ses Dames tente de nouveau de lui faire ingurgiter du poison sous une forme ou une autre.

    Quel jour et surtout quel mois était-il ? Combien de temps pouvait-il s’être écoulé depuis son départ de Paris et de la cathédrale Notre Dame de Paris ? Elle espéra que le calendrier ne lui jouerait plus de tour. Virginie commençait à en avoir assez de tous ces jours de sa vie qu’on lui volait. Trois minutes plus tard Marie réapparaissait en tenant une grande tasse du précieux liquide marron.

    -Chaud mais pas bouillant, comme vous le désiriez mademoiselle.

    Avant d’engager la conversation avec elle, Virginie bu le contenu de la tasse par petites gorgées. Le liquide chaud, un peu épais, lui fit le plus grand bien. Agissant comme un baume sur ses cordes vocales, elle entendit sa voix reprendre son timbre d’antan dès ses premières paroles.

    -Quelle date sommes-nous ?

    - Nous sommes le vingt-quatre novembre, dans un mois tout juste ce sera Noël.

    Au moins cette première affirmation la rassura. Pas plus de deux jours venaient de s’écouler depuis sa fuite de Paris. Guillaume craignait-il qu’elle ne résiste une nouvelle fois et refuse de quitter la capitale pour l’avoir enfumé comme un lapin dans son terrier ? Si loin de cette ville elle se trouvait certes en sécurité, mais son plan ne poursuivait-il bien que ce but ? Avant de le recevoir pour éclaircir ces zones d’ombre, elle devait prendre quelques informations auprès de sa Marie.

    -Suis-je arrivée hier soir ou dans la nuit ?

    - En début de soirée mademoiselle.

    - Qui vous a prévenu de mon retour et quand l’avez-vous su ?

    - Personne. À dix-neuf heures un carrosse contenant votre personne est entré dans le domaine sans crier gare. Il était escorté de six soldats et faisait route discrètement. Quand nous avons vu le capitaine Croix d’Aubois descendre de ce transport et requérir de l’aide, nous avons tout de suite compris que vous nous reveniez. Je tenais tous les jours votre chambre prête à vous recevoir. Ils vous ont porté sur votre lit pendant que nous allions quérir votre médecin.

    - Justement qui est ce médecin que je ne connais pas ?

    - C’est vrai avec toutes ces émotions je ne me suis plus souvenu que vous ne pouviez pas le connaître. Votre ancien médecin est alité depuis plusieurs semaines suite à une mauvaise ruade d’un cheval qu’il a pris dans les reins.

    - D’où vient-il ?

    - De Paris je crois.

    - Mon ancien médecin consulte toujours ou son alitement forcé le contraint au plus strict repos ?

    - Non à son cabinet je crois savoir qu’il reçoit toujours ses anciennes clientes. Changer de médecin ne plaît pas à tout le monde. Celui-ci est bien jeune, il est compliqué de lui confier nos humeurs, et puis on a toutes nos habitudes.

    - Dorénavant et jusque nouvel ordre je ne veux pas le voir dans ce domaine. Si j’éprouve le besoin de consulter alors je me rendrai chez notre ancien médecin. Ce que je dis vaut pour chacun vivant en ce domaine et ne devra pas être discuté.

    - Le capitaine…

    - Devrait se poser plus de questions !

    Virginie pestait intérieurement et tâcha de se calmer de peur d’affoler Marie. Avec le temps elle ne croyait plus aux hasards, encore moins aux concours de circonstances. Sans vouloir se laisser aller jusqu’à la paranoïa, il fallait écarter tout angélisme susceptible de laisser trop de place à leurs ennemis. Son médecin blessé, un autre débarqué de Paris. Peut-être aucune coïncidence mais depuis son séjour dans la capitale, elle préférait voir le mal partout que de se laisser surprendre. Un jeune médecin nommé en cette petite ville, l’idéal pour surveiller et épier tous les ragots.

    Que Virginie vienne à revenir en ces lieux, et aussitôt la nouvelle se répandrait comme une traînée de poudre. Guillaume venait de faire enter le loup dans la bergerie. Si ses suppositions se voyaient réelles, le comte Cagliostro de Monte Sano pourrait rapidement se réjouir de son retour. Et avec lui son espoir d’entrer en possession des carnets rouges de son père contenant des notes ou des plans du temple de Jérusalem. Quelle discrétion…

    Bien entendu elle se trompait certainement, mais plus jamais elle ne prendrait pour argent comptant ces concours de circonstances. À présent elle ne pouvait qu’applaudir ce fin stratège. Son carrosse à peine arrivée, il était appelé à son chevet. Son rapport la concernant devait déjà courir la forêt en direction de Paris. Nicolas s’était chargé de neutraliser sa mère et son frère, mais étaient-ils les seuls à comploter dans le dos du comte pour entrer en possession de ces plans les premiers. Intercepter une estafette et le réduire au silence après l’avoir dépouillé de son message ne devraient pas leur poser trop problème.

    Comment Guillaume pouvait-il avoir agi avec autant de légèreté ? À moins que conscient de la chose il n’en profite pour le faire suivre et connaître à qui il s’adressait. Oui possible, mais peu crédible vu le fort pourcentage de probabilité que le comte en soit bien le destinataire final. Si le mal était fait, rien ne nécessitait de l’amplifier en laissant accéder librement ce jeune médecin à son domaine.

    Toujours avant de recevoir Guillaume, elle devait entendre de la bouche de Marie certaines autres informations.

    -Comment le capitaine a-t-il justifié mon retour parmi vous hier soir ?

    - Il n’a pas eu besoin mademoiselle, vous savoir revenue vivante nous contente pleinement.

    - Personne n’a demandé d’explications sur les raisons de mon inconscience ni d’où je venais ?

    - Il eut été inconvenable de questionner de la sorte notre bienfaiteur. Tout s’est passé très vite. À peine arrivé, nous transportions votre corps inanimé dans cette chambre. Votre Jeanne a fait chauffer de l’eau au cas où, les autres se remettaient de leur surprise.

    - Évidemment, je comprends. N’a-t-il vraiment rien dit d’autre ?

    - Non mademoiselle, rien du tout.

    Au moins lui laissait-elle le choix d’inventer l’histoire qu’elle souhaitait pour justifier de son absence. En taisant ce qu’il savait, il lui laissait le champ libre sans qu’elle ait à broder une suite de bric et de broc. De toute manière elle prit sa décision, moins ses gens en sauraient sur son séjour parisien et mieux ça vaudrait.

    – Et mes gens ?

    - La nouvelle de votre retour n’a pas tardé à faire le tour de votre domaine. Ils sont si heureux, tout comme moi, de vous retrouver en vie, blessée mais en vie.

    Blessée ? Virginie s’examina rapidement pour constater qu’en effet elle portait des marques d’entraves à divers endroits de son corps, principalement aux poignets et à ses chevilles. Que lui avait-il fait subir pendant le voyage entre Paris et son domaine dont elle ne se souvenait pas. Décidément, il était grand temps qu’elle ait une longue conversation avec Guillaume.

    -Aide moi à m’habiller plus décemment, je vais recevoir notre capitaine.

    - Pensez-vous que ce soit bien prudent si vite après votre retour ?

    - Discuterais-tu mes ordres par hasard ?

    - Non mademoiselle, je pensais seulement à votre santé et aux recommandations de votre médecin.

    - Je te remercie de bien t’occuper de moi, je te rappelle que ce médecin n’est pas le mien et ne le deviendra sûrement jamais. Tu vas aller le voir pour lui dire que je n’ai plus besoin de ses services. Le capitaine n’a pas à en être au courant, je me chargerai de le lui dire. Maintenant habille-moi.

    Marie obtempéra. Elle ne reconnaissait pas sa maîtresse mais après une si longue captivité, qui n’en serait pas changée.

    -Remets ton fauteuil à sa place, je vais le recevoir sitôt après avoir petit déjeuné. Plus les minutes passent et plus je me sens une faim de louve.

    - Votre Jeanne va en être contente.

    - Pas autant que mon estomac quand il recevra son dû. Descendez lui demander que tout soit prêt dans quinze minutes, je vais aller me coiffer pendant ce temps. Je me sens de force à affronter l’escalier toute seule, inutile de venir me prendre par la main.

    Marie s’exécuta sans rien dire. Virginie se rendit à sa coiffeuse, puis arrangea ses cheveux de son mieux malgré leur évidente rébellion. Il serait grand temps de remédier à leurs caprices, elle le mit sur la liste de ses priorités. Cinq barrettes ne furent pas de trop pour les maintenir en place. Ainsi, son miroir lui refléta l’image de la Virginie d’avant son enlèvement. Pour le moment, il fallait oublier tourner la page de la tanière car ici nul ne devait pouvoir imaginer qu’elle fut la reine noire. Que personne ne puisse faire le lien entre ses deux identités lui convenait tout à fait.

    Satisfaite, elle emprunta à son tour les marches de l’escalier conduisant au rez-de-chaussée. En chemin elle se félicita de ne pas rencontrer Guillaume. Elle ne voulait pas le voir maintenant. Quand leur conversation aurait lieu, il fallait que ça se fasse sur son territoire. Le bureau de son père semblait tout indiqué, elle ne la concevait pas se dérouler ailleurs. Mais pour le moment remplir son estomac et rassurer par sa présence sa Jeanne s’imposait. Dans le quart d’heure suivant une grande partie de ses gens seraient informées que son état de santé allait en s’améliorant.

    Jeanne l’accueillit sans un mot mais son visage parlait pour elle. Connaissant les règles de bienséance, elle savait tenir sa place. Interroger sa maîtresse, même si les questions lui brûlaient les lèvres, était tout bonnement inconcevable. Virginie engloutit un copieux petit-déjeuner et se sentit prête à affronter Guillaume. Il devait bouillir de lui poser toutes les questions qu’il voulait poser, elle en avait tout autant à son service. Tandis qu’elle achevait de finir son assiette, Jeanne fit de même entendre sa voix.

    -En tant que doyenne de ce domaine, permettez-moi de vous souhaiter un bon retour parmi nous.

    - Merci Jeanne. Marie m’a appris pour notre Marthe, ça m’a peiné. Je la savais très chrétienne, quand tout sera rentré dans l’ordre, nous ferons donner une messe pour elle. Je connaissais son caractère parfois difficile, pourtant elle nous manquera à tous. Je compte sur vous pour faire régulièrement fleurir sa pierre tombale. À présent vous voici la doyenne de mon domaine, vous serez souvent sollicitée pour arbitrer les conflits entre mes gens. Ma porte vous est et vous restera ouverte si vous aviez besoin d’un avis.

    - Merci mademoiselle, je tâcherai de me montrer la plus juste possible.

    - Je n’en doute pas. Sinon comment va votre Adrien ? Toujours à travailler dans mes écuries ?

    - Mon fils a trouvé sa voie auprès de vos chevaux. Il se porte bien et fréquente une jeune fille du village avec qui il souhaite s’engager dans des fiançailles.

    - En voici une bonne nouvelle. Tous mes vœux les accompagnent, je le lui dirai de vive voix dès que je le croiserai. Bien entendu pour la noce, nous ferons ce qu’il faut pour que ça soit une jolie fête. N’hésitez pas à me solliciter, le bonheur de mes gens fait le mien.

    Jeanne ne sut quoi répondre mais ses yeux parlèrent pour elle. Virginie avait su remplacer ses parents, aujourd’hui elle se montrait digne des responsabilités qui lui incombaient. Adrien était encore jeune mais l’âge avait-il une importance quand l’amour se décide à envahir les cœurs…

    -Marie, je monte dans le bureau de mon père. Pourriez-vous convier le capitaine Croix d’Aubois de m’y rejoindre comme je vous l’ai demandé ?

    - Tout de suite ?

    - Plutôt dans une dizaine de minutes, ce sera mieux. Ce bureau a été le théâtre de trop d’événements fâcheux pour que m’y installe en quelques secondes. Quelqu’un s’y est installé pendant mon absence ?

    - Non, votre suppléant nommé par le capitaine pour gérer vos affaires n’en a pas eu la permission. Je sais qu’il l’aurait souhaité pour l’avoir entendu prononcer.

    - Je suis heureuse de l’apprendre car je n’aurais pas vu l’occupation de mon bureau d’un bon œil. Trop de souvenirs hantent ce lieu pour que d’autres que moi s’y installent. Marie, je compte sur vous…

    Rassasiée, n’ayant plus rien à faire dans la cuisine, Virginie quitta leur compagnie et monta dans son bureau. Arrivée au terme du couloir situé à l’étage, elle se figea un instant devant la porte. La dernière fois qu’elle y avait pénétré il faisait nuit, sa mère et son frère l’avaient assommé puis enlevé. De tels souvenirs laissaient des traces. Conjurant son appréhension de s’y retrouver une nouvelle fois seule, Virginie ouvrit la porte.

    Imaginant le retrouver chamboulé depuis cette fameuse nuit, elle en fut pour ses frais. A priori tous les éléments de ce décor occupaient toujours les places qu’elle leur connaissait. Guillaume avait pourtant dû en fouiller chaque centimètre carré à la recherche du moindre indice sans faire cas de ce qu’il déplacerait ou bien même qu’il briserait. Elle voyait dans la remise en place à l’identique de cet ensemble, les mains bienveillantes de Marie aidée certainement par sa Jeanne. Qui, mis à part elles deux, pouvaient en être l’auteur ? Sûrement personne.

    Quelque part, à proximité, devaient se trouver les carnets rouges de son père, mais où ? Quoi de plus frustrant que de savoir les plans tant convoités du temple de Jérusalem à portée de main sans pouvoir les trouver. Combien de fois était-elle passée juste à côté sans les voir ?

    Rien ne semblait avoir disparu durant son absence, du moins à première vue. Les ouvrages consacrés auxquels tenait son père se trouvaient toujours dans la bibliothèque. Sans doute protégeaient-ils une partie des secrets qu’il ne désirait pas voir révélés au grand jour. Ne possédant pas ses talents de traducteur ou de linguiste, ces mystères demeureraient abscons pour elle encore longtemps.

    Elle s’assit et posa ses mains à plat sur le bureau. Une question lui taraudait l’esprit. Pourquoi son père était-il venu au-devant d’elle dans le confessionnal ? Il ne pouvait avoir agi que délibérément, mais dans quel but ? Quitter son refuge secret ne se concevait que sans motif impérieux. Ce que Paris et ses environs comptaient de plus dangereux le rechercherait activement. Sa mère ne pouvait pas avoir abandonné toute illusion de retrouver sa trace. Lui captif, Virginie ne revêtait plus la moindre importance. Après ce qu’elle venait de faire à la tête de tanière, le nombre de ses ennemis progressait tous les jours.

    Les dix minutes défilèrent au point d’en paraître quatre. Quand le capitaine Croix d’Aubois frappa à la porte, elle dut se rendre à l’évidence que l’heure de l’affronter de nouveau venait de sonner. Elle l’invita à entrer et à prendre place en face d’elle. Virginie avait tant de choses à voir avec lui, que d’un coup elle ne savait plus par où commencer. Le ressentant peut-être, il choisit de parler le premier.

    -Virginie, je suis fort aise de vous voir en si bonne forme alors qu’hier soir encore…

    - Il est vrai qu’hier au soir ma santé laissait à désirer, un cadeau dont je vous suis redevable si je ne m’abuse… Mais nous nous en expliquerons en son temps. J’ai donné ordre à Marie de décommander mon médecin et de lui exprimer qu’il ne serait plus le bienvenu sous ce toit. Si besoin j’irai consulter en ville mon ancien praticien. Cela vous pose-t-il un problème ?

    - Pourquoi ce devrait ?

    - J’ai l’intention de ne pas me laisser de nouveau enfermer entre mes murs. Y voyez-vous une quelconque opposition ? Lui asséna-t-elle sans répondre à sa question.

    - Je constate que votre séjour Parisien n’a pas amélioré votre caractère. Il n’a jamais été question pour moi de faire de vous ma prisonnière. Si vous souhaitez vous rendre en ville ou ailleurs, vous n’avez pas besoin de ma permission ni de mon escorte.

    - Heureuse de vous l’entendre dire car ce n’est pas l’impression que vous et vos hommes m’avez donnée il y a pas deux jours dans la cathédrale Notre Dame de Paris.

    - Décidemment quoi que je fasse pour vous sauver, rien ne convient jamais. Je ne pensais qu’à votre bien…

    - En m’enfumant comme un lapin dans son terrier ? Votre définition du mot sauver me donne tout à craindre de celles que vous donneriez au mot amour ou sentiment…

    - Mademoiselle, Je ne vous permets pas de m’insulter de la sorte !

    Virginie s’aperçu qu’elle venait une fois de plus de se laisser entraîner par sa fougue. Il lui fallait corriger le tir et vite sous peine de le voir quitter ce bureau pour ne pour ne plus jamais y remettre les pieds.

    -Pardon Guillaume, mes mots ont de beaucoup dépassés mes pensées. Une fois de plus je me suis senti une liberté de parole qui me rend confuse pour ne pas dire idiote. Mes sentiments pour votre personne que vous savez déjà, me font perdre ma contenance et ma réserve. Je ne voulais pas vous insulter et encore moins vous offenser. Avec vous j’use d’une liberté de ton et de parole dont je n’userai jamais avec personne d’autre. Je m’emballe, je m’emballe et voyez où ça me mène. Je vous présente toutes mes excuses. Il va sans dire que je retire mes dernières paroles, je ne les pensais pas.

    - Je veux bien les oublier mais de grâce modérez vos propos. Toutes mes actions convergent dans une seule direction : la vôtre. Je n’entreprends rien qui pourrait vous mettre en danger. Vous faire quitter Paris représentait la seule alternative viable. Cette ville est bien trop grande et mal fréquentée pour que nous puissions assurer votre sécurité bien longtemps.

    - M’auriez-vous seulement interrogé, que je vous aurais avoué partager cette même conclusion. Je n’avais plus rien à faire dans la capitale et ne voulais que rejoindre mon domaine. Au lieu de cela, un de vos hommes a bloqué la porte du confessionnal pendant que vous ou un autre m’enfumiez. J’ignore ce qu’elle contenait mais son effet ne s’est pas fait attendre. Je ne me souviens plus de rien jusqu’à ce que je me retrouve ici. Un peu plus de concertation nous aurait évité cette conversation.

    - Au point de voyager dans une malle ?

    - Pardon ?

    - Oui, vous entendez bien, une malle. Nos ennemis ne sont pas fous et leurs oreilles espionnent tout. Par prudence, en concertation avec Nicolas, nous avons décidé que vous effectueriez le voyage dans une malle. Nous l’avons bien entendu aménagée pour la rendre un minimum confortable. Une position si peu naturelle qu’il valait mieux que vous n’en conserviez aucun souvenir.

    - J’ai voyagé dans une malle ?

    - Je n’en suis pas particulièrement fière mais le stratagème a fonctionné. Pour preuve, vous voici dans votre domaine et vivante.

    Virginie comprenait mieux à présent ses sensations de courbature qu’elle mettait sur le compte d’effets secondaires de ce gaz. Jamais elle ne l’aurait cru capable de la faire parcourir une si longue distance dissimulée dans une malle. Une fois de plus la fin justifiait les moyens. Mais puisqu’on parlait de malle, qu’était-il donc advenu de celle sanglée sur son carrosse lors de son retour à la tanière pour sauver Julie des bras de son frère. Elle s’en inquiéta auprès de Guillaume qui ne sembla pas au fait de sa présence lors de l’intervention de Nicolas.

    -Et dans cette malle se trouvaient les effets personnels dérobés aux Dignitaires pouvant les incriminer ?

    - Tout à fait, j’ai inventorié chaque preuve en la reliant à son propriétaire. Si Nicolas ne vous en a pas fait mention, j’espère que nous ne les avons pas perdus en les abandonnant sur place.

    - De ce côté-là je suis serein, Nicolas a emporté le carrosse et tout ce qu’il contenait. Nous avions convenu de laisser le moins de trace possible derrière nous. À sa décharge, nous chevauchions presque sans arrêt depuis notre départ de Paris, comment aurait-il pu me parler de sa découverte.

    Virginie hésitait à lui confesser sa brève entrevue avec son père. Et si elle se trompait. La rapidité des événements, la violence dont elle fut témoin entre Nicolas et sa mère, le comportement étrange de Jules enlevant Julie, tout ça ne l’induisait-il pas en erreur ? Un petit moment d’égarement… Son cœur lui disait qu’il s’agissait bien de lui mais la raison lui ordonnait de douter. Riche de cette information, Guillaume entreprendrait des recherches en prenant comme point de départ la cathédrale. Si elle se trompait, combien de temps perdraient-ils en vain ? Nicolas l’avait fait conduire sous bonne escorte dans ce lieu saint, devinait-il ou savait-il ce qu’elle allait y trouver ? Non, pour le moment elle conserverait cette information pour elle quitte à le regretter. Guillaume n’apprécierait pas mais tant pis, ce ne serait pas la première fois.

    -Je ne vous en veux pas pour l’inconfort de mon transport. En parlant de Nicolas, doit-il nous rejoindre ?

    - En théorie, c’est prévu.

    - Et ma mère ?

    - À son sujet Nicolas vous fait dire que son sang n’entachera pas ses mains. Il fallait la mettre hors d’état de nuire et s’y est employé. Elle et votre frère seront conduits en lieu sûr sous bonne escorte. J’avoue moi-même en ignorer la destination finale et c’est aussi bien comme ça. Pour leurs méfaits ils seront traduits devant un tribunal d’exception. Ils comparaîtront à huis clos, la sentence sera sans appel. Je doute qu’ils bénéficient de la moindre clémence vu la gravité des charges qui pèsent sur eux.

    - Si je décidais de vouloir leur parler…

    - Je devine que vous souhaitez comprendre le fin mot de leur comportement. Prenez cet avis que je vous donne, ne vous préoccupez plus d’eux. Si vous décidiez de ne pas le suivre, voyez avec Nicolas. Je crains cependant de ne pouvoir interférer en votre faveur auprès de lui. Leur détention requiert des cellules spéciales, loin de tout. Réfléchissez bien aux conséquences d’une telle visite et surtout posez-vous la question de ce que vous pourrez en attendre.

    - Très bien j’y réfléchirai.

    - Pour en revenir aux conditions de votre retour ici, en fait nous poursuivions deux buts. Vous faire quitter Paris en toute discrétion s’imposait mais ce n’était pas tout. Nous devions nous assurer que vos gens vous accepterez mieux que la fois précédente quand vous avez été enlevée par le comte Cagliostro de Monte Sano. Votre retour sur vos deux jambes et en bonne santé avait joué en votre défaveur. Rappelez-vous de l’épisode du cheval dont a dû user ingénieusement votre curé pour justifier que vous ne vous étiez pas acoquinée avec le Diable. Nous, je veux dire, je ne voulais pas renouveler l’expérience. Revenir blessée après tant de temps attirerait forcément leur compassion et leur empathie. Alors vous voir émerger inconsciente de votre carrosse les a tous conduits à douter de votre état de santé. À ce sujet, un alitement prolongé d’un jour ou deux, aurait eu un bien meilleur effet sur eux.

    - Je n’avais pas vu les choses sous cet angle.

    - Je m’en doute, c’est bien pourquoi j’avais demandé à Marie de m’informer de votre réveil pour que nous établissions une stratégie commune. Trop heureuse de vous voir au réveil remise de vos humeurs, elle est passée outre mes demandes.

    - Ne lui jetez pas la pierre, je suis seule responsable de son comportement.

    - S’il n’est pas trop tard, je voudrais que vous reveniez sur votre décision concernant le médecin se trouvant à votre chevet hier au soir.

    - Je ne connais pas ce médecin, je ne lui accorde aucune confiance. L’accident qui immobilise notre médecin de famille me paraît un concours de circonstance des plus sujets à caution.

    - Virginie, me croyez-vous naïf au point de ne pas voir l’ombre des Dignitaires derrière la ruade de ce cheval ? Rien ne prouve cette allégation mais je les en sens responsable directement ou indirectement. Pourtant je persiste à vous demander de ne pas le congédier mais au contraire de le consulter. Il est important que les douze apprennent votre retour ici et votre bonne santé. Le comte ne désire que vous revoir en ces lieux pour s’assurer que vous vous remettrez à la recherche de ce dont il a besoin. Paris nécessite de retrouver le calme même si ce ne doit être que provisoire.

    - Je comprends, et pour preuve de ma collaboration, je donnerai l’ordre à Marie de ne pas aller le voir. Que pensez-vous que ma mère manigançait sous couvert de la tanière ?

     

    - À vrai dire je comptais un peu sur vous pour le découvrir…


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  • Bonjour à tous et à toutes,

    Hier se clôturaient définitivement mes dédicaces 2014 avec ma présence au magasin Leclerc de Migennes. Pour une première expérience, j'ai accumulé pas mal d'expérience, je dispose à présent d'une meilleur vue de ce que je devrai faire la prochaine fois pour mieux promouvoir mes livres. Il faut dire qu'au sortir d'une grippe, avec pas loin de 39 hier matin, je n'étais franchement pas au mieux de ma forme pour aller au-devant des lecteurs, mais dopé aux médicaments j'ai bravé l'épreuve du mieux que je pouvais, et honnêtement je trouve m'en être sorti avec les honneurs. Malgré avoir été au maxi à 40% de mes capacités, je suis loin d'avoir frisé le ridicule. Merci et bravo à l'organisation mise en place par la directrice de la communication du magasin Leclerc qui a su transcender les affiches de mon éditeur. Un autre grand merci à tous ceux qui sont venus à ma rencontre pour bavarder, s'intéresser à ma trilogie et à mon personnage principale, mon héroïne Virginie de la Sablière.

    2015 pour moi devra être dans la lignée de la précédente, je vais me donner des buts et tout mettre en œuvre pour les atteindre. Pour mémoire en 2014 je voulais finir d'éditer ma trilogie avec la sortie de La dernière Forteresse Abbatiale, écrire un nouveau livre d'environ 500 pages se déroulant à notre époque, trouver une nouvelle maison d'édition capable de me soutenir et me promouvoir, entamer un nouveau livre cette fois d'anticipation qui serait édité en 3 tomes minimum (à ce jour les 2 premiers tomes sont écrits, tapés, relus, corrigés et le 3 ème en cours d'écriture), participer à au moins 12 ou 15 salon sur l'année.

    Aujourd'hui, en ce dimanche 28 décembre je peux me retourner sur les 362 écoulés et être fiers d'avoir conduit tous mes projets à leur terme sans aucun retard. Sous peu je vous listerai ceux qui formeront la trame de mon année 2015 et dans un an je ferai de nouveau le point sur mes réussites et peut être aussi, soyons réalistes, ceux que seront mes échecs car on ne gagne jamais à tous les coups.

     

     


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  • Nous rentrons de pleins pieds dans le mois de juin, l'épisode 1, titré : La Traque, premier des 2 volumes d'Ezechiel Stan, verra le jour dans les 4 semaines à venir, j'espère en disposer très bientôt, le toucher, le tenir entre les mains, pour pourvoir enfin vous en adresser quelques images en avant première. Patience, patience...


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