• Premières pages de La Dernière Forteresse Abbatiale

                                                CHAPITRE 1

     

    -Capitaine, elle reprend ses esprits.

    - Comment va-t-elle ?

    - Bien, son pouls est bon et ses réflexes normaux.

    - Merci docteur. Si vous avez fini de l’ausculter, je vais vous demander de nous laisser seuls.

    - Ne la fatiguez pas trop, elle ne sera pas en état de parler longtemps. Cette jeune femme est robuste mais il faudra songer à la ménager. Je reviendrai la voir en consultation demain matin. Je compte sur vous pour ne pas abuser, il faut qu’elle récupère. Dans un jour ou deux, mademoiselle de la Sablière ira mieux. Laissez à son organisme le temps d’évacuer toutes les humeurs dont son corps souffre. J’ignore ce qu’elle a inhalé, mais elle s’en débarrassera. Je repasserai demain en fin de journée. Non, ne me raccompagnez pas, je connais le chemin.

    Virginie ouvrit péniblement les yeux. Le visage tant espéré de son bel officier apparu dans son champ de vision. Allongée sur un lit confortable, elle reconnut le décor familier de sa chambre à coucher. Mais de laquelle s’agissait-il exactement ? De celle de son domaine ou de sa réplique dans la tanière ? La bouche sèche, et une langue épaisse s’opposaient à ce qu’elle puisse parler. Rassemblant ses maigres forces, elle se força tout de même à articuler ce prénom qu’elle aimait tant.

    -Guillaume…

    - Ne parlez pas, le médecin refuse pour le moment que vous sollicitiez vos cordes vocales. Il affirme que vous devez les laisser se reposer sinon il pourrait y avoir des séquelles graves.

    - Soif, j’ai soif…

    Son corps ankylosé refusait encore de répondre à tous ses ordres. Une situation qu’elle avait déjà vécue et qui lui rappelait de bien mauvais souvenirs. Que lui était-il arrivé pour se retrouver dans pareil état ? La présence de Guillaume la rassura. Au moins cette fois-ci se trouvait-elle en bonne compagnie et non entre les mains des Dignitaires ou autres. Le souvenir de cette organisation raviva quelques souvenirs. Tandis qu’elle essayait de rassembler les morceaux de ce puzzle encore dispersé, elle entendit Guillaume réclamer qu’on lui donne à boire.

    Marie, sa Marie, se pencha vers elle pour lui relever la nuque. Plus de doutes possibles, après bien des semaines d’absence, elle était enfin revenue chez elle, dans son domaine. Le visage radieux de sa jeune servante en disait long sur le soulagement de l’avoir retrouvé vivante. Avec délicatesse elle l’aida à relever lentement la tête puis lui fit boire à petites gorgées une infusion légèrement sucrée. Le liquide la fit brièvement tousser quand il coula dedans sa gorge. Marie s’interrompit puis posa la tasse presque vide sur la table de chevet avant de remonter son oreiller.

    -Capitaine, je vais veiller sur mademoiselle cette nuit. Je m’installerai dans ce fauteuil pour ne pas la quitter des yeux. Allez prendre quelques heures de sommeil, vous les avez bien mérités. Encore merci, soyez béni de nous l’avoir ramené vivante. Nous n’avons jamais perdu espoir et grâce à Dieu, elle nous est revenue.

    - Si quoi que ce soit se produit…

    - Dans la seconde vous serez avertis. Après toute cette route, vous méritez le repos qui vous attend. Voulez-vous que je demande à notre Jeanne qu’elle vous prépare une collation ou une tasse de café chaud ?

    - Merci Marie, mais je crois que ce corps que vous voyez-la, n’aspire plus qu’au repos. Je vous laisse veiller sur mademoiselle, je sais à présent qu’elle se trouve entre de bonnes mains.

    Il quitta la chambre les laissant seules. Virginie conservait les yeux mi-clos. La fatigue l’ayant momentanément quittée, elle brûlait de savoir ce qu’il était advenu du domaine et de ses gens durant son absence. En plusieurs mois, des tas de problèmes s’étaient forcément posés à son remplaçant. Comment surmontait-il les caps difficiles ? La récolte promise par son maître de chai présentait-elle la quantité qu’il attendait ? Et la qualité ? Sa Jeanne ne s’apprivoisait pas facilement, de quelle manière conduisait-il sa relation avec elle ?

    Marie remonta le drap jusqu’à son menton. Craignant sans doute qu’elle prenne froid, elle remit une bûche dans l’âtre fumant de la cheminée. Elle activa légèrement les braises puis reprit sa place sur son fauteuil.

    -Marie…

    - Non ne parlez pas, le médecin vous l’a interdit. Je me suis engagé auprès du capitaine à vous surveiller. Vous avez faim ou soif ? Répondez juste par un hochement de tête si vous le pouvez.

    Virginie lui signifia de cette manière qu’elle ne désirait ni l’un, ni l’autre.

    -Mademoiselle, si vous saviez la joie que j’ai à vous revoir dans cette maison. Je ne suis pas la seule, tout le monde se félicite de votre retour. Votre Jeanne a préparé un gâteau pour l’occasion mais le médecin déconseille encore que vous le goûtiez. Elle a été déçue mais dès demain vous pourrez peut-être en manger une part. Elle a fait celui que vous préférez, aux noisettes. Mais je vous ennuie sans doute avec tout ce babillage. Je vais me taire, vous vous reposerez mieux en silence.

    Pour toute réponse, Virginie hocha négativement la tête et dans un effort posa sa main sur la sienne. Elle ne l’ennuyait pas, au contraire.

    -Je ne sais si votre docteur approuverait que je vous maintienne éveillée mais je suis tellement heureuse de vous parler. Quand vous voudrez que j’arrête, fermez les yeux, je comprendrai. Quand vous avez disparu, cette sinistre nuit, le domaine en a été tout chamboulé. Le capitaine est entré dans une rage folle, mais je suppose que ça vous a déjà été rapporté. Nous avons compris que vous ne reviendrez pas quand les soldats ont quitté le domaine. Avant de partir, le capitaine a fait nommer un homme que personne ici ne connaissait pour gérer vos affaires. À ce que je sais, il s’est tout de suite bien entendu avec votre notaire et votre banquier. Personne n’a jamais eu à s’en plaindre. Je pense que vous le rencontrerez dès que votre état de santé le permettra. Vos vendanges se sont bien déroulées aussi. Aux dires de votre maitre de chai, pour une première année d’exploitation le millésime sera un très bon cru. En apprenant la nouvelle de votre retour, votre notaire a déjà sollicité une audience. Le capitaine s’est montré ferme, tant que vous n’irez pas mieux, il ne prendra pas le moindre risque avec votre santé. Le retour de ses soldats en votre domaine a été une bonne nouvelle pour tout le monde. Même votre Jeanne leur a fait bon accueil, c’est vous dire… Il faut comprendre que votre disparition a été un grand choc pour tout le monde. Nous ne pensions pas qu’il soit possible que l’on vous enlève alors même qu’une partie de l’armée impériale séjournait sous votre toit. J’ai également une mauvaise nouvelle, votre Marthe est morte à la fin de l’été. Le Claude, malgré qu’ils se disputaient tout le temps, en a été très peiné. Personne ne l’a remplacé. Cette perte, après votre disparition, nous a tous donné des idées noires. Votre Jeanne, qui se trouve à présent être la doyenne de votre domaine, a remonté le moral des troupes. Petit à petit, nous nous sommes laissées convaincre qu’il fallait garder espoir et que vous nous seriez rendu. Le jeune prêtre de la paroisse a donné plusieurs messes pour que nous puissions prier ensemble. Et aujourd’hui vous êtes là…

    Virginie comprenait volontiers le désarroi causé par sa subite disparition. Sa mère et son frère avaient fait du tort à tous ses gens en l’emportant de force à Paris pour lui faire plus tard endosser le costume de la reine noire. Cette évocation lui rappela une autre partie de ses souvenirs. A commencer par l’affrontement qui avait vu s’opposer Nicolas et sa mère. Même encore cette nuit, son cerveau refusait de croire ce que ses yeux lui avaient rapporté de leur combat. Que dire de la dextérité de Jules Saltus à éviter les lames de son frère… Et Julie, la pauvre Julie dont Jules semblait épris. Agissant en totale contradiction avec les ordres de Nicolas, ne l’avait-il pas enlevé à son tour, peu après l’avoir appelé par son prénom alors qu’il ne pouvait que l’ignorer. À présent quelles menaces planaient sur elle ?

    Quand enfin elle se remémora l’épisode se déroulant dans la cathédrale Notre Dame de Paris, une chaleur suffocante s’empara de son enveloppe charnelle. Comment son père s’était-il introduit dans le confessionnal ? Le prêtre qui lui avait conseillé de soulager son âme ne pouvait non plus avoir agi tout à fait innocemment. Et d’abord, était-ce vraiment son père sous la robe de bure ? Il fallait bien la connaître pour anticiper que cette conversation anodine la conduirait à agir comme elle l’avait fait. Qui à part son père pouvait en être capable ? En admettant que ce soit bien lui, cela voulait-il dire qu’il avait trouvé refuge à Notre Dame de Paris ? Non, Nicolas connaissait bien trop les églises et ceux qui se plaçaient sous leur protection pour ignorer une information de cette importance. À moins que le sachant, il l’eût fait délibérément conduire sous bonne escorte dans cet endroit.

    Mis à part les premières paroles échangées avec son père, sa mémoire refusait de lui expliquer par quel miracle elle ne conservait pas de souvenir de la fin de leur conversation, pas plus du voyage l’ayant ramené en son domaine. Et de son état de santé… Car le docteur, même s’il n’utilisait pas un ton alarmiste, exigeait pour elle du repos et encore du repos. À la suite de quel événement ou agression se retrouvait-elle dans cet état-là ? Il manquait une pièce à son puzzle, une pièce que Guillaume devait détenir sinon comment l’aurait-il ramené ici…

    Toute à sa réflexion, Virginie s’aperçu que Marie parlait toujours mais qu’elle venait de perdre le fil de son récit. Elle se sentit d’un coup transpirante. Forcer sa mémoire pour mieux comprendre les événements ne se faisait pas sans effets secondaires.

    -Mademoiselle vous êtes fiévreuse ?

    Marie porta mécaniquement sa main sur le front de Virginie.

    -Vous voilà brulante, c’est de ma faute je me suis laissée emporter par toutes ces histoires. Je vais aller voir notre Jeanne pour prendre conseil.

    Virginie lui retint le bras de sa main. Elle ne se sentait pas fiévreuse, seule la concentration dont elle faisait preuve pour rassembler ses souvenirs en était la cause. Qu’il est difficile de se faire comprendre quand parler vous est interdit. Rien que le fait de ne plus solliciter ses souvenirs calmait déjà sa transpiration. Marie l’épongea avec un linge sec puis lui redonna quelques gouttes à boire. Se croyant toujours coupable de ce qui venait de se produire, elle préféra s’abstenir de se lancer de nouveau dans un monologue. Virginie lui en fut reconnaissante, son cerveau refusait pour cette nuit d’en entendre davantage.

    -Fermez vos yeux mademoiselle, tâchez de trouver le sommeil, dormir vous fera le plus grand bien.

    Ignorante de l’heure qu’il pouvait se faire, elle suivit le conseil et se laissa emporter par un doux rêve dont elle ne garda aucun souvenir au petit matin. Son corps devait posséder de biens bonnes propriétés ou le mal dont elle souffrait encore la veille n’était pas si méchant car elle se réveilla plein d’allant. Dehors la nuit faisait doucement place au matin. Spectaculairement avachie sur son fauteuil, Marie s’était écroulée dans une bien étrange position pour dormir quelques heures.

    Virginie hésita à la réveiller. Endormie certainement très tard dans la nuit, elle serait bonne pour souffrir de courbatures. La voir dans cette position la fit culpabiliser un peu mais préféra tout de même la laisser comme elle était. Sa vessie la força à se lever. Prenant appui sur ses deux mains, elle tenta de se mettre debout. Prise de vertiges, elle dut s’y reprendre par trois fois avant que sa tête ne cesse de tourner. Progressant à petits pas, elle se dirigea vers son cabinet d’aisance. À son retour, Marie émergeait péniblement et s’étirait les muscles avec une grimace de douleur. Ne l’apercevant plus dans le lit, ses traits se figèrent.

    -Mademoiselle…

    - Là.

    Marie pivota de quatre-vingt-dix degrés.

    -Votre médecin ne veut pas vous voir debout avant deux jours. Si le capitaine savait que vous ne l’avez pas écouté, il en serait fort mécontent.

    - Je désire une tasse de chocolat chaud mais pas bouillant.

    Prononçant ces paroles, Virginie prit conscience que ses cordes vocales allaient également mieux. Son timbre de voix demeurait encore rauque mais la gêne se limitait à une simple irritation. Il fallait encore les économiser mais l’amélioration était notable. Ses jambes flageolèrent de nouveau, signe qu’elle devait regagner son lit et la position allongée. Marie soupira d’aise quand elle la vit remonter les draps sur elle.

    -Je vais aller vous chercher de suite cette tasse de chocolat. Promettez-moi que je vous retrouverai telle que je vous laisse en cette chambre.

    - Promis.

    - Si je rencontre le capitaine, que dois-je lui dire de votre état ?

    - Pour le moment, inutile de l’aviser de mon rétablissement. Après ce chocolat et peut-être un solide petit-déjeuner nous verrons.

    Marie descendit aux cuisines laissant Virginie à ses pensées. Son état de santé s’améliorait globalement vite. Tout comme sa mémoire, ce qui augurait d’une conversation mouvementée avec Guillaume. Maintenant qu’elle se rappelait lui devoir son état de santé, il faudrait qu’il s’en explique. Mais avant il fallait qu’elle reprenne des forces. De bonne constitution, ce qu’il lui avait fait inhaler de force ne ferait pas effet aussi longtemps qu’il ne le pensait. Sans doute un effet secondaire du contre poison que Nicolas lui avait administré. À moins qu’il ait mélangé un produit curatif et préventif au cas où l’une de ses Dames tente de nouveau de lui faire ingurgiter du poison sous une forme ou une autre.

    Quel jour et surtout quel mois était-il ? Combien de temps pouvait-il s’être écoulé depuis son départ de Paris et de la cathédrale Notre Dame de Paris ? Elle espéra que le calendrier ne lui jouerait plus de tour. Virginie commençait à en avoir assez de tous ces jours de sa vie qu’on lui volait. Trois minutes plus tard Marie réapparaissait en tenant une grande tasse du précieux liquide marron.

    -Chaud mais pas bouillant, comme vous le désiriez mademoiselle.

    Avant d’engager la conversation avec elle, Virginie bu le contenu de la tasse par petites gorgées. Le liquide chaud, un peu épais, lui fit le plus grand bien. Agissant comme un baume sur ses cordes vocales, elle entendit sa voix reprendre son timbre d’antan dès ses premières paroles.

    -Quelle date sommes-nous ?

    - Nous sommes le vingt-quatre novembre, dans un mois tout juste ce sera Noël.

    Au moins cette première affirmation la rassura. Pas plus de deux jours venaient de s’écouler depuis sa fuite de Paris. Guillaume craignait-il qu’elle ne résiste une nouvelle fois et refuse de quitter la capitale pour l’avoir enfumé comme un lapin dans son terrier ? Si loin de cette ville elle se trouvait certes en sécurité, mais son plan ne poursuivait-il bien que ce but ? Avant de le recevoir pour éclaircir ces zones d’ombre, elle devait prendre quelques informations auprès de sa Marie.

    -Suis-je arrivée hier soir ou dans la nuit ?

    - En début de soirée mademoiselle.

    - Qui vous a prévenu de mon retour et quand l’avez-vous su ?

    - Personne. À dix-neuf heures un carrosse contenant votre personne est entré dans le domaine sans crier gare. Il était escorté de six soldats et faisait route discrètement. Quand nous avons vu le capitaine Croix d’Aubois descendre de ce transport et requérir de l’aide, nous avons tout de suite compris que vous nous reveniez. Je tenais tous les jours votre chambre prête à vous recevoir. Ils vous ont porté sur votre lit pendant que nous allions quérir votre médecin.

    - Justement qui est ce médecin que je ne connais pas ?

    - C’est vrai avec toutes ces émotions je ne me suis plus souvenu que vous ne pouviez pas le connaître. Votre ancien médecin est alité depuis plusieurs semaines suite à une mauvaise ruade d’un cheval qu’il a pris dans les reins.

    - D’où vient-il ?

    - De Paris je crois.

    - Mon ancien médecin consulte toujours ou son alitement forcé le contraint au plus strict repos ?

    - Non à son cabinet je crois savoir qu’il reçoit toujours ses anciennes clientes. Changer de médecin ne plaît pas à tout le monde. Celui-ci est bien jeune, il est compliqué de lui confier nos humeurs, et puis on a toutes nos habitudes.

    - Dorénavant et jusque nouvel ordre je ne veux pas le voir dans ce domaine. Si j’éprouve le besoin de consulter alors je me rendrai chez notre ancien médecin. Ce que je dis vaut pour chacun vivant en ce domaine et ne devra pas être discuté.

    - Le capitaine…

    - Devrait se poser plus de questions !

    Virginie pestait intérieurement et tâcha de se calmer de peur d’affoler Marie. Avec le temps elle ne croyait plus aux hasards, encore moins aux concours de circonstances. Sans vouloir se laisser aller jusqu’à la paranoïa, il fallait écarter tout angélisme susceptible de laisser trop de place à leurs ennemis. Son médecin blessé, un autre débarqué de Paris. Peut-être aucune coïncidence mais depuis son séjour dans la capitale, elle préférait voir le mal partout que de se laisser surprendre. Un jeune médecin nommé en cette petite ville, l’idéal pour surveiller et épier tous les ragots.

    Que Virginie vienne à revenir en ces lieux, et aussitôt la nouvelle se répandrait comme une traînée de poudre. Guillaume venait de faire enter le loup dans la bergerie. Si ses suppositions se voyaient réelles, le comte Cagliostro de Monte Sano pourrait rapidement se réjouir de son retour. Et avec lui son espoir d’entrer en possession des carnets rouges de son père contenant des notes ou des plans du temple de Jérusalem. Quelle discrétion…

    Bien entendu elle se trompait certainement, mais plus jamais elle ne prendrait pour argent comptant ces concours de circonstances. À présent elle ne pouvait qu’applaudir ce fin stratège. Son carrosse à peine arrivée, il était appelé à son chevet. Son rapport la concernant devait déjà courir la forêt en direction de Paris. Nicolas s’était chargé de neutraliser sa mère et son frère, mais étaient-ils les seuls à comploter dans le dos du comte pour entrer en possession de ces plans les premiers. Intercepter une estafette et le réduire au silence après l’avoir dépouillé de son message ne devraient pas leur poser trop problème.

    Comment Guillaume pouvait-il avoir agi avec autant de légèreté ? À moins que conscient de la chose il n’en profite pour le faire suivre et connaître à qui il s’adressait. Oui possible, mais peu crédible vu le fort pourcentage de probabilité que le comte en soit bien le destinataire final. Si le mal était fait, rien ne nécessitait de l’amplifier en laissant accéder librement ce jeune médecin à son domaine.

    Toujours avant de recevoir Guillaume, elle devait entendre de la bouche de Marie certaines autres informations.

    -Comment le capitaine a-t-il justifié mon retour parmi vous hier soir ?

    - Il n’a pas eu besoin mademoiselle, vous savoir revenue vivante nous contente pleinement.

    - Personne n’a demandé d’explications sur les raisons de mon inconscience ni d’où je venais ?

    - Il eut été inconvenable de questionner de la sorte notre bienfaiteur. Tout s’est passé très vite. À peine arrivé, nous transportions votre corps inanimé dans cette chambre. Votre Jeanne a fait chauffer de l’eau au cas où, les autres se remettaient de leur surprise.

    - Évidemment, je comprends. N’a-t-il vraiment rien dit d’autre ?

    - Non mademoiselle, rien du tout.

    Au moins lui laissait-elle le choix d’inventer l’histoire qu’elle souhaitait pour justifier de son absence. En taisant ce qu’il savait, il lui laissait le champ libre sans qu’elle ait à broder une suite de bric et de broc. De toute manière elle prit sa décision, moins ses gens en sauraient sur son séjour parisien et mieux ça vaudrait.

    – Et mes gens ?

    - La nouvelle de votre retour n’a pas tardé à faire le tour de votre domaine. Ils sont si heureux, tout comme moi, de vous retrouver en vie, blessée mais en vie.

    Blessée ? Virginie s’examina rapidement pour constater qu’en effet elle portait des marques d’entraves à divers endroits de son corps, principalement aux poignets et à ses chevilles. Que lui avait-il fait subir pendant le voyage entre Paris et son domaine dont elle ne se souvenait pas. Décidément, il était grand temps qu’elle ait une longue conversation avec Guillaume.

    -Aide moi à m’habiller plus décemment, je vais recevoir notre capitaine.

    - Pensez-vous que ce soit bien prudent si vite après votre retour ?

    - Discuterais-tu mes ordres par hasard ?

    - Non mademoiselle, je pensais seulement à votre santé et aux recommandations de votre médecin.

    - Je te remercie de bien t’occuper de moi, je te rappelle que ce médecin n’est pas le mien et ne le deviendra sûrement jamais. Tu vas aller le voir pour lui dire que je n’ai plus besoin de ses services. Le capitaine n’a pas à en être au courant, je me chargerai de le lui dire. Maintenant habille-moi.

    Marie obtempéra. Elle ne reconnaissait pas sa maîtresse mais après une si longue captivité, qui n’en serait pas changée.

    -Remets ton fauteuil à sa place, je vais le recevoir sitôt après avoir petit déjeuné. Plus les minutes passent et plus je me sens une faim de louve.

    - Votre Jeanne va en être contente.

    - Pas autant que mon estomac quand il recevra son dû. Descendez lui demander que tout soit prêt dans quinze minutes, je vais aller me coiffer pendant ce temps. Je me sens de force à affronter l’escalier toute seule, inutile de venir me prendre par la main.

    Marie s’exécuta sans rien dire. Virginie se rendit à sa coiffeuse, puis arrangea ses cheveux de son mieux malgré leur évidente rébellion. Il serait grand temps de remédier à leurs caprices, elle le mit sur la liste de ses priorités. Cinq barrettes ne furent pas de trop pour les maintenir en place. Ainsi, son miroir lui refléta l’image de la Virginie d’avant son enlèvement. Pour le moment, il fallait oublier tourner la page de la tanière car ici nul ne devait pouvoir imaginer qu’elle fut la reine noire. Que personne ne puisse faire le lien entre ses deux identités lui convenait tout à fait.

    Satisfaite, elle emprunta à son tour les marches de l’escalier conduisant au rez-de-chaussée. En chemin elle se félicita de ne pas rencontrer Guillaume. Elle ne voulait pas le voir maintenant. Quand leur conversation aurait lieu, il fallait que ça se fasse sur son territoire. Le bureau de son père semblait tout indiqué, elle ne la concevait pas se dérouler ailleurs. Mais pour le moment remplir son estomac et rassurer par sa présence sa Jeanne s’imposait. Dans le quart d’heure suivant une grande partie de ses gens seraient informées que son état de santé allait en s’améliorant.

    Jeanne l’accueillit sans un mot mais son visage parlait pour elle. Connaissant les règles de bienséance, elle savait tenir sa place. Interroger sa maîtresse, même si les questions lui brûlaient les lèvres, était tout bonnement inconcevable. Virginie engloutit un copieux petit-déjeuner et se sentit prête à affronter Guillaume. Il devait bouillir de lui poser toutes les questions qu’il voulait poser, elle en avait tout autant à son service. Tandis qu’elle achevait de finir son assiette, Jeanne fit de même entendre sa voix.

    -En tant que doyenne de ce domaine, permettez-moi de vous souhaiter un bon retour parmi nous.

    - Merci Jeanne. Marie m’a appris pour notre Marthe, ça m’a peiné. Je la savais très chrétienne, quand tout sera rentré dans l’ordre, nous ferons donner une messe pour elle. Je connaissais son caractère parfois difficile, pourtant elle nous manquera à tous. Je compte sur vous pour faire régulièrement fleurir sa pierre tombale. À présent vous voici la doyenne de mon domaine, vous serez souvent sollicitée pour arbitrer les conflits entre mes gens. Ma porte vous est et vous restera ouverte si vous aviez besoin d’un avis.

    - Merci mademoiselle, je tâcherai de me montrer la plus juste possible.

    - Je n’en doute pas. Sinon comment va votre Adrien ? Toujours à travailler dans mes écuries ?

    - Mon fils a trouvé sa voie auprès de vos chevaux. Il se porte bien et fréquente une jeune fille du village avec qui il souhaite s’engager dans des fiançailles.

    - En voici une bonne nouvelle. Tous mes vœux les accompagnent, je le lui dirai de vive voix dès que je le croiserai. Bien entendu pour la noce, nous ferons ce qu’il faut pour que ça soit une jolie fête. N’hésitez pas à me solliciter, le bonheur de mes gens fait le mien.

    Jeanne ne sut quoi répondre mais ses yeux parlèrent pour elle. Virginie avait su remplacer ses parents, aujourd’hui elle se montrait digne des responsabilités qui lui incombaient. Adrien était encore jeune mais l’âge avait-il une importance quand l’amour se décide à envahir les cœurs…

    -Marie, je monte dans le bureau de mon père. Pourriez-vous convier le capitaine Croix d’Aubois de m’y rejoindre comme je vous l’ai demandé ?

    - Tout de suite ?

    - Plutôt dans une dizaine de minutes, ce sera mieux. Ce bureau a été le théâtre de trop d’événements fâcheux pour que m’y installe en quelques secondes. Quelqu’un s’y est installé pendant mon absence ?

    - Non, votre suppléant nommé par le capitaine pour gérer vos affaires n’en a pas eu la permission. Je sais qu’il l’aurait souhaité pour l’avoir entendu prononcer.

    - Je suis heureuse de l’apprendre car je n’aurais pas vu l’occupation de mon bureau d’un bon œil. Trop de souvenirs hantent ce lieu pour que d’autres que moi s’y installent. Marie, je compte sur vous…

    Rassasiée, n’ayant plus rien à faire dans la cuisine, Virginie quitta leur compagnie et monta dans son bureau. Arrivée au terme du couloir situé à l’étage, elle se figea un instant devant la porte. La dernière fois qu’elle y avait pénétré il faisait nuit, sa mère et son frère l’avaient assommé puis enlevé. De tels souvenirs laissaient des traces. Conjurant son appréhension de s’y retrouver une nouvelle fois seule, Virginie ouvrit la porte.

    Imaginant le retrouver chamboulé depuis cette fameuse nuit, elle en fut pour ses frais. A priori tous les éléments de ce décor occupaient toujours les places qu’elle leur connaissait. Guillaume avait pourtant dû en fouiller chaque centimètre carré à la recherche du moindre indice sans faire cas de ce qu’il déplacerait ou bien même qu’il briserait. Elle voyait dans la remise en place à l’identique de cet ensemble, les mains bienveillantes de Marie aidée certainement par sa Jeanne. Qui, mis à part elles deux, pouvaient en être l’auteur ? Sûrement personne.

    Quelque part, à proximité, devaient se trouver les carnets rouges de son père, mais où ? Quoi de plus frustrant que de savoir les plans tant convoités du temple de Jérusalem à portée de main sans pouvoir les trouver. Combien de fois était-elle passée juste à côté sans les voir ?

    Rien ne semblait avoir disparu durant son absence, du moins à première vue. Les ouvrages consacrés auxquels tenait son père se trouvaient toujours dans la bibliothèque. Sans doute protégeaient-ils une partie des secrets qu’il ne désirait pas voir révélés au grand jour. Ne possédant pas ses talents de traducteur ou de linguiste, ces mystères demeureraient abscons pour elle encore longtemps.

    Elle s’assit et posa ses mains à plat sur le bureau. Une question lui taraudait l’esprit. Pourquoi son père était-il venu au-devant d’elle dans le confessionnal ? Il ne pouvait avoir agi que délibérément, mais dans quel but ? Quitter son refuge secret ne se concevait que sans motif impérieux. Ce que Paris et ses environs comptaient de plus dangereux le rechercherait activement. Sa mère ne pouvait pas avoir abandonné toute illusion de retrouver sa trace. Lui captif, Virginie ne revêtait plus la moindre importance. Après ce qu’elle venait de faire à la tête de tanière, le nombre de ses ennemis progressait tous les jours.

    Les dix minutes défilèrent au point d’en paraître quatre. Quand le capitaine Croix d’Aubois frappa à la porte, elle dut se rendre à l’évidence que l’heure de l’affronter de nouveau venait de sonner. Elle l’invita à entrer et à prendre place en face d’elle. Virginie avait tant de choses à voir avec lui, que d’un coup elle ne savait plus par où commencer. Le ressentant peut-être, il choisit de parler le premier.

    -Virginie, je suis fort aise de vous voir en si bonne forme alors qu’hier soir encore…

    - Il est vrai qu’hier au soir ma santé laissait à désirer, un cadeau dont je vous suis redevable si je ne m’abuse… Mais nous nous en expliquerons en son temps. J’ai donné ordre à Marie de décommander mon médecin et de lui exprimer qu’il ne serait plus le bienvenu sous ce toit. Si besoin j’irai consulter en ville mon ancien praticien. Cela vous pose-t-il un problème ?

    - Pourquoi ce devrait ?

    - J’ai l’intention de ne pas me laisser de nouveau enfermer entre mes murs. Y voyez-vous une quelconque opposition ? Lui asséna-t-elle sans répondre à sa question.

    - Je constate que votre séjour Parisien n’a pas amélioré votre caractère. Il n’a jamais été question pour moi de faire de vous ma prisonnière. Si vous souhaitez vous rendre en ville ou ailleurs, vous n’avez pas besoin de ma permission ni de mon escorte.

    - Heureuse de vous l’entendre dire car ce n’est pas l’impression que vous et vos hommes m’avez donnée il y a pas deux jours dans la cathédrale Notre Dame de Paris.

    - Décidemment quoi que je fasse pour vous sauver, rien ne convient jamais. Je ne pensais qu’à votre bien…

    - En m’enfumant comme un lapin dans son terrier ? Votre définition du mot sauver me donne tout à craindre de celles que vous donneriez au mot amour ou sentiment…

    - Mademoiselle, Je ne vous permets pas de m’insulter de la sorte !

    Virginie s’aperçu qu’elle venait une fois de plus de se laisser entraîner par sa fougue. Il lui fallait corriger le tir et vite sous peine de le voir quitter ce bureau pour ne pour ne plus jamais y remettre les pieds.

    -Pardon Guillaume, mes mots ont de beaucoup dépassés mes pensées. Une fois de plus je me suis senti une liberté de parole qui me rend confuse pour ne pas dire idiote. Mes sentiments pour votre personne que vous savez déjà, me font perdre ma contenance et ma réserve. Je ne voulais pas vous insulter et encore moins vous offenser. Avec vous j’use d’une liberté de ton et de parole dont je n’userai jamais avec personne d’autre. Je m’emballe, je m’emballe et voyez où ça me mène. Je vous présente toutes mes excuses. Il va sans dire que je retire mes dernières paroles, je ne les pensais pas.

    - Je veux bien les oublier mais de grâce modérez vos propos. Toutes mes actions convergent dans une seule direction : la vôtre. Je n’entreprends rien qui pourrait vous mettre en danger. Vous faire quitter Paris représentait la seule alternative viable. Cette ville est bien trop grande et mal fréquentée pour que nous puissions assurer votre sécurité bien longtemps.

    - M’auriez-vous seulement interrogé, que je vous aurais avoué partager cette même conclusion. Je n’avais plus rien à faire dans la capitale et ne voulais que rejoindre mon domaine. Au lieu de cela, un de vos hommes a bloqué la porte du confessionnal pendant que vous ou un autre m’enfumiez. J’ignore ce qu’elle contenait mais son effet ne s’est pas fait attendre. Je ne me souviens plus de rien jusqu’à ce que je me retrouve ici. Un peu plus de concertation nous aurait évité cette conversation.

    - Au point de voyager dans une malle ?

    - Pardon ?

    - Oui, vous entendez bien, une malle. Nos ennemis ne sont pas fous et leurs oreilles espionnent tout. Par prudence, en concertation avec Nicolas, nous avons décidé que vous effectueriez le voyage dans une malle. Nous l’avons bien entendu aménagée pour la rendre un minimum confortable. Une position si peu naturelle qu’il valait mieux que vous n’en conserviez aucun souvenir.

    - J’ai voyagé dans une malle ?

    - Je n’en suis pas particulièrement fière mais le stratagème a fonctionné. Pour preuve, vous voici dans votre domaine et vivante.

    Virginie comprenait mieux à présent ses sensations de courbature qu’elle mettait sur le compte d’effets secondaires de ce gaz. Jamais elle ne l’aurait cru capable de la faire parcourir une si longue distance dissimulée dans une malle. Une fois de plus la fin justifiait les moyens. Mais puisqu’on parlait de malle, qu’était-il donc advenu de celle sanglée sur son carrosse lors de son retour à la tanière pour sauver Julie des bras de son frère. Elle s’en inquiéta auprès de Guillaume qui ne sembla pas au fait de sa présence lors de l’intervention de Nicolas.

    -Et dans cette malle se trouvaient les effets personnels dérobés aux Dignitaires pouvant les incriminer ?

    - Tout à fait, j’ai inventorié chaque preuve en la reliant à son propriétaire. Si Nicolas ne vous en a pas fait mention, j’espère que nous ne les avons pas perdus en les abandonnant sur place.

    - De ce côté-là je suis serein, Nicolas a emporté le carrosse et tout ce qu’il contenait. Nous avions convenu de laisser le moins de trace possible derrière nous. À sa décharge, nous chevauchions presque sans arrêt depuis notre départ de Paris, comment aurait-il pu me parler de sa découverte.

    Virginie hésitait à lui confesser sa brève entrevue avec son père. Et si elle se trompait. La rapidité des événements, la violence dont elle fut témoin entre Nicolas et sa mère, le comportement étrange de Jules enlevant Julie, tout ça ne l’induisait-il pas en erreur ? Un petit moment d’égarement… Son cœur lui disait qu’il s’agissait bien de lui mais la raison lui ordonnait de douter. Riche de cette information, Guillaume entreprendrait des recherches en prenant comme point de départ la cathédrale. Si elle se trompait, combien de temps perdraient-ils en vain ? Nicolas l’avait fait conduire sous bonne escorte dans ce lieu saint, devinait-il ou savait-il ce qu’elle allait y trouver ? Non, pour le moment elle conserverait cette information pour elle quitte à le regretter. Guillaume n’apprécierait pas mais tant pis, ce ne serait pas la première fois.

    -Je ne vous en veux pas pour l’inconfort de mon transport. En parlant de Nicolas, doit-il nous rejoindre ?

    - En théorie, c’est prévu.

    - Et ma mère ?

    - À son sujet Nicolas vous fait dire que son sang n’entachera pas ses mains. Il fallait la mettre hors d’état de nuire et s’y est employé. Elle et votre frère seront conduits en lieu sûr sous bonne escorte. J’avoue moi-même en ignorer la destination finale et c’est aussi bien comme ça. Pour leurs méfaits ils seront traduits devant un tribunal d’exception. Ils comparaîtront à huis clos, la sentence sera sans appel. Je doute qu’ils bénéficient de la moindre clémence vu la gravité des charges qui pèsent sur eux.

    - Si je décidais de vouloir leur parler…

    - Je devine que vous souhaitez comprendre le fin mot de leur comportement. Prenez cet avis que je vous donne, ne vous préoccupez plus d’eux. Si vous décidiez de ne pas le suivre, voyez avec Nicolas. Je crains cependant de ne pouvoir interférer en votre faveur auprès de lui. Leur détention requiert des cellules spéciales, loin de tout. Réfléchissez bien aux conséquences d’une telle visite et surtout posez-vous la question de ce que vous pourrez en attendre.

    - Très bien j’y réfléchirai.

    - Pour en revenir aux conditions de votre retour ici, en fait nous poursuivions deux buts. Vous faire quitter Paris en toute discrétion s’imposait mais ce n’était pas tout. Nous devions nous assurer que vos gens vous accepterez mieux que la fois précédente quand vous avez été enlevée par le comte Cagliostro de Monte Sano. Votre retour sur vos deux jambes et en bonne santé avait joué en votre défaveur. Rappelez-vous de l’épisode du cheval dont a dû user ingénieusement votre curé pour justifier que vous ne vous étiez pas acoquinée avec le Diable. Nous, je veux dire, je ne voulais pas renouveler l’expérience. Revenir blessée après tant de temps attirerait forcément leur compassion et leur empathie. Alors vous voir émerger inconsciente de votre carrosse les a tous conduits à douter de votre état de santé. À ce sujet, un alitement prolongé d’un jour ou deux, aurait eu un bien meilleur effet sur eux.

    - Je n’avais pas vu les choses sous cet angle.

    - Je m’en doute, c’est bien pourquoi j’avais demandé à Marie de m’informer de votre réveil pour que nous établissions une stratégie commune. Trop heureuse de vous voir au réveil remise de vos humeurs, elle est passée outre mes demandes.

    - Ne lui jetez pas la pierre, je suis seule responsable de son comportement.

    - S’il n’est pas trop tard, je voudrais que vous reveniez sur votre décision concernant le médecin se trouvant à votre chevet hier au soir.

    - Je ne connais pas ce médecin, je ne lui accorde aucune confiance. L’accident qui immobilise notre médecin de famille me paraît un concours de circonstance des plus sujets à caution.

    - Virginie, me croyez-vous naïf au point de ne pas voir l’ombre des Dignitaires derrière la ruade de ce cheval ? Rien ne prouve cette allégation mais je les en sens responsable directement ou indirectement. Pourtant je persiste à vous demander de ne pas le congédier mais au contraire de le consulter. Il est important que les douze apprennent votre retour ici et votre bonne santé. Le comte ne désire que vous revoir en ces lieux pour s’assurer que vous vous remettrez à la recherche de ce dont il a besoin. Paris nécessite de retrouver le calme même si ce ne doit être que provisoire.

    - Je comprends, et pour preuve de ma collaboration, je donnerai l’ordre à Marie de ne pas aller le voir. Que pensez-vous que ma mère manigançait sous couvert de la tanière ?

     

    - À vrai dire je comptais un peu sur vous pour le découvrir…


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